2-24 avril 1991
Irak. Intervention des Alliés et de l'O.N.U. pour mettre fin à la répression et à l'exode des Kurdes
Le 2, la France saisit le Conseil de sécurité de l'O.N.U. d'un projet de résolution condamnant la répression des populations irakiennes, notamment des Kurdes, par le régime de Saddam Hussein. Paris fait référence pour la première fois à un « devoir d'ingérence humanitaire ».
Le 3, Bagdad annonce la reconquête de Soulaymaniyah, dernière ville encore tenue par les peshmergas (combattants kurdes) dans le nord du pays. Des combats sporadiques se poursuivent toutefois, au Kurdistan comme dans le Sud chiite. Des centaines de milliers de réfugiés kurdes, que la Turquie refuse de laisser pénétrer sur son territoire, continuent de se masser à la frontière située dans la montagne, dans des conditions de température, de confort et d'hygiène inhumaines. Des centaines de personnes, surtout des enfants, des femmes et des vieillards, meurent chaque jour. De son côté, l'Iran accueille quelques réfugiés qui sont installés dans des camps proches de la frontière.
Le 4, George Bush confirme sa volonté de ne pas « intervenir dans les affaires intérieures de l'Irak » et de ne pas y « risquer de précieuses vies américaines ».
Le 5, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. vote par dix voix contre trois (Cuba, Yémen, Zimbabwe) et deux abstentions (Chine, Inde) un texte, d'inspiration française et soutenu par les États-Unis et la Grande-Bretagne, qui rompt avec le principe de non-intervention dans les affaires intérieures d'un État membre (art. 2 de la Charte de l'O.N.U.) : la résolution « condamne la répression des populations civiles irakiennes », notamment kurdes, et demande à l'Irak de faciliter « un accès immédiat des organisations humanitaires internationales à tous ceux qui ont besoin d'assistance » en Irak. Cependant, sous la pression de la Turquie, de la France et de la Grande-Bretagne, les États-Unis acceptent, « pour des raisons humanitaires », d'apporter une aide aux Kurdes. Les premiers parachutages occidentaux de vivres et de matériel commencent le 7, tandis que des convois de secours, notamment médicaux, sont acheminés par voie terrestre.
Le 8, les chefs d'État et de gouvernement des Douze se réunissent en sommet extraordinaire à Luxembourg et approuvent la proposition britannique, déjà émise par la Turquie, de créer, en territoire irakien, des « zones de protection » sous l'égide de l'O.N.U., pour les Kurdes.
Le 10, les États-Unis, qui contrôlent toujours l'espace aérien irakien, interdisent à l'Irak l'usage d'hélicoptères au nord du 36e parallèle, jusque-là toléré. Hostiles à l'établissement d'une enclave au Kurdistan, les États-Unis décident en revanche, le 12, d'intensifier leurs opérations d'assistance en mobilisant huit mille hommes et des centaines d'avions et d'hélicoptères.
Le 15, les ministres des Affaires étrangères des Douze proposent que le président irakien soit jugé par un tribunal international pour « crime de génocide » contre la population kurde.
Le 16, revenant sur ses positions, George Bush annonce l'envoi dans le nord de l'Irak de forces américaines, auprès de contingents français et britanniques – environ neuf mille hommes au total –, afin d'y établir des camps d'accueil pour les Kurdes, qui doivent être ensuite placés sous l'autorité de l'O.N.U. Bagdad dénonce les opérations alliées qui débutent le 17, avant de les autoriser quelques jours plus tard.
Le 18, Bagdad signe un accord avec l'O.N.U. concernant l'installation de camps de réfugiés gérés par les Nations unies.
Le 24, les autorités irakiennes et des dirigeants kurdes parviennent à un « accord de principe » sur le statut du Kurdistan. Cependant, de nombreux réfugiés qui craignent pour leur sécurité refusent de quitter les montagnes pour rejoindre la zone de protection contrôlée par les Alliés et l'O.N.U.