2-24 mai 1995
France. Élection de Jacques Chirac à la présidence de la République et nomination d'Alain Juppé au poste de Premier ministre
Le 2, un débat télévisé au ton courtois et prudent oppose les deux candidats du second tour de l'élection présidentielle, Jacques Chirac (R.P.R.) et Lionel Jospin (P.S.).
Le 7, Jacques Chirac est élu président de la République avec 52,64 p. 100 des suffrages, contre 47,36 p. 100 pour Lionel Jospin. Le taux d'abstention est de 20,33 p. 100, et celui des bulletins blancs ou nuls de 5,97 p. 100. Le Conseil constitutionnel proclamera les résultats officiels le 13. Jacques Chirac bénéficie d'un bon report des voix de droite et d'extrême droite.
Le 10, le Premier ministre Édouard Balladur présente sa démission au chef de l'État, qui le charge d'expédier les affaires courantes.
Le 17, François Mitterrand accueille son successeur à l'Élysée pour la passation des pouvoirs. Puis il rejoint le siège parisien du Parti socialiste où une réception est organisée en son honneur. Après la cérémonie d'investiture, Jacques Chirac prononce un discours devant les corps constitués dans lequel il réitère ses engagements de respecter « la volonté de changement exprimée par le peuple français », de défendre un « État impartial », de « restaurer la cohésion de la France et [de] renouer le pacte républicain entre les Français ». Puis il remonte les Champs-Élysées et ranime la flamme du tombeau du Soldat inconnu sous l'Arc de triomphe de l'Étoile.
Le 17 également, le président Chirac nomme Alain Juppé Premier ministre. Membre de l'équipe du maire de Paris depuis 1977, ministre en 1986, secrétaire général du R.P.R. en 1988 et président par intérim du mouvement gaulliste depuis l'annonce de la candidature de Jacques Chirac, Alain Juppé était ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de cohabitation d'Édouard Balladur.
Le 18, Alain Juppé présente son gouvernement composé de vingt-huit ministres et quatorze secrétaires d'État. Vingt de ses membres appartiennent au R.P.R., dix-huit à l'U.D.F. et quatre ne sont pas affiliés à un parti. L'équipe compte douze femmes, chiffre sans précédent dans un gouvernement français, mais la première d'entre elles n'occupe que le quatorzième rang protocolaire. Les principaux ministres sont Jacques Toubon (R.P.R.), à la Justice ; Alain Madelin (U.D.F.-P.R.), à l'Économie et aux Finances ; François Bayrou (U.D.F.-C.D.S.), à l'Éducation nationale, l'Enseignement supérieur, la Recherche et l'Insertion professionnelle ; Bernard Pons (R.P.R.), à l'Aménagement du territoire, l'Équipement et les Transports ; Hervé de Charette (U.D.F.-Perspectives et réalités), aux Affaires étrangères ; Charles Millon (U.D.F.-P.R.), à la Défense ; Jean-Louis Debré (R.P.R.), à l'Intérieur. L'ancien ministère des Affaires sociales est partagé en trois entités distinctes.
Le 18 également, le président Chirac réserve sa première rencontre internationale, à Strasbourg, au chancelier Helmut Kohl, auprès duquel il réaffirme la communauté de vues franco-allemande concernant la poursuite de la construction – notamment monétaire – de l'Europe.
Le 19, dans son message au Parlement, Jacques Chirac annonce une revalorisation du pouvoir des Assemblées dont la durée des sessions doit être allongée au terme d'une révision constitutionnelle. Une deuxième révision de la Constitution doit permettre d'étendre le champ du référendum.
Le 23, dans son discours de politique générale devant l'Assemblée nationale, le Premier ministre Alain Juppé présente « un programme de travail [qui] tient en un seul mot : l'emploi ». Le financement des mesures qu'il annonce, dont le contrat initiative-emploi pour les chômeurs de longue durée et le contrat d'accès à l'emploi pour les jeunes chômeurs, est renvoyé à une loi de finances rectificative qui doit être présentée en juin. Les députés lui accordent leur confiance par 447 voix pour, 85 contre et 6 abstentions. Les sénateurs font de même le 24.