2-24 octobre 2000
Yougoslavie. Départ du président Slobodan Milošević
Le 2, l'appel à la grève générale, lancé par l'opposition en vue de faire reconnaître sa victoire aux élections de septembre, est largement suivi à travers le pays. L'opposition appelle les grévistes à converger vers la capitale le 5.
Le 3, alors que les forces de l'ordre se font très discrètes depuis le début des manifestations, le Premier ministre serbe, Mirko Marjanović, déclare, faisant allusion à la manifestation du 5, que « le gouvernement serbe va prévenir et punir toute tentative d'activité subversive antiserbe et antiyougoslave ».
Le 4, la Cour constitutionnelle annonce l'annulation d'« une partie » des résultats des élections de septembre. Les forces de l'ordre interviennent sans violence dans la mine de Kolubara, au sud-ouest de Belgrade, l'un des points chauds du mouvement de grève.
Le 5, la démonstration de force de l'opposition dans la capitale aboutit, après quelques heurts avec la police qui finit par fraterniser avec les quelque 300 000 manifestants, à l'occupation du Parlement fédéral et de l'immeuble de la radio-télévision serbe. Entre-temps, la Cour constitutionnelle avait annoncé l'annulation des élections de septembre. S'adressant à « la Serbie libérée », Vojislav Kostunica se proclame « président de la Yougoslavie ». Il promet de nouvelles élections et l'adoption d'une nouvelle Constitution. L'Union européenne annonce la levée des sanctions adoptées à l'encontre du régime yougoslave en 1999 – ce sera fait le 9.
Le 6, la situation se normalise à Belgrade. Revenant sur sa décision d'annuler les résultats du scrutin du 24 septembre, la Cour constitutionnelle confirme l'élection de Vojislav Kostunica. Le chef de la diplomatie russe, Igor Ivanov, rencontre Vojislav Kostunica et Slobodan Milošević. Il remet au premier un message du président Poutine, qui prend acte de sa victoire, et déclare que le second souhaite continuer à « jouer un rôle en tant que leader du plus grand parti du pays ». De son côté, le chef d'état-major yougoslave, le général Nebojsa Pavković, reconnaît la victoire de Vojislav Kostunica. Enfin, dans une allocution télévisée, le président Milošević déclare respecter la décision de la Cour constitutionnelle.
Le 6 également, le Tribunal pénal international sur l'ex-Yougoslavie (T.P.I.Y.) annonce la prochaine inculpation de l'ancien président yougoslave pour génocide en Bosnie et en Croatie. Celui-ci est déjà inculpé de crimes contre l'humanité au Kosovo. Vojislav Kostunica a déjà annoncé qu'il ne livrerait pas Slobodan Milošević au T.P.I.Y.
Le 7, le nouveau Parlement fédéral donne son investiture à Vojislav Kostunica.
Le 9, le Premier ministre fédéral, Momir Bulatović, homme fort de l'ancien régime, présente sa démission. Le Parlement serbe, favorable à Slobodan Milošević, annonce sa dissolution.
Le 10, le ministre des Affaires étrangères français, Hubert Védrine, se rend à Belgrade afin d'apporter, le soutien de l'Union européenne au nouveau régime.
Le 14, invité par les Quinze à l'issue du sommet de Biarritz, Vojislav Kostunica déclare que « la Serbie de demain sera le garant de la paix sur les Balkans », mais que la « collaboration avec le Tribunal pénal international ne peut pas constituer la première de [ses] priorités ».
Le 16, les partisans du président Kostunica et ceux de Slobodan Milošević parviennent à un accord sur la formation d'un gouvernement de transition en Serbie, jusqu'aux élections prévues pour décembre. Celui-ci sera dirigé par un membre du Parti socialiste de l'ancien président, encadré par deux vice-Premiers ministres issus des rangs de l'Opposition démocratique de Serbie du nouveau président et du Mouvement serbe du renouveau de Vuk Drasković.
Le 17, le président Kostunica se rend au Monténégro où il entame des négociations avec le président Milo Djukanović. Ce dernier, qui avait appelé au boycottage des élections du 24 septembre, ne reconnaît pas officiellement leurs résultats. Il continue de réclamer une autonomie accrue pour sa République, refusant notamment de participer au gouvernement fédéral.
Le 22, le président Kostunica se rend, « à titre personnel et religieux », en République serbe de Bosnie à l'invitation des dirigeants ultranationalistes de Pale.
Le 23, le Parlement de Serbie entérine la démission du gouvernement serbe de Mirko Marjanović, partisan de Slobodan Milošević.
Le 24, il approuve la formation d'un gouvernement fédéral de transition dirigé par le socialiste Milomir Minić.