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2-25 novembre 1986

États-Unis. Libération d'un otage américain au Liban et révélations sur des ventes secrètes d'armes à l'Iran

Le 2, à Beyrouth, David Jacobsen, directeur de l'hôpital de l'université américaine de Beyrouth enlevé le 28 mai 1985, est libéré par le Djihad islamique qui demande au gouvernement américain de « poursuivre ce qu'il a commencé », s'il veut résoudre le problème des otages : il reste sept Américains détenus au Liban.

Le 4, à Téhéran, l'hodjatoleslam Rafsandjani, président du Parlement, prenant la parole à l'occasion d'une manifestation organisée pour l'anniversaire de la prise d'otages à l'ambassade américaine à Téhéran, le 4 novembre 1979, révèle que les États-Unis ont cherché à se rapprocher de l'Iran et que Robert McFarlane, ancien conseiller du président Reagan pour les affaires de sécurité, s'est rendu en mai à Téhéran. Les jours suivants, la presse américaine affirme qu'en dépit de l'embargo décidé en novembre 1979 du matériel militaire et des armes auraient été livrés par les États-Unis à l'Iran pour faciliter la libération des otages américains détenus au Liban. Ces révélations suscitent une vive émotion dans l'opinion américaine, alors que Ronald Reagan a toujours plaidé la fermeté à l'égard des pays soutenant le terrorisme.

Le 13, Ronald Reagan reconnaît, à la télévision, l'existence, « depuis dix-huit mois », d'une « initiative diplomatique secrète en direction de l'Iran » ; il la justifie en affirmant sa volonté de tenter de ramener l'Iran vers le camp occidental et nie catégoriquement qu'il s'agisse d'un marchandage pour la libération des otages américains au Liban. Il confirme aussi la livraison de « petites quantités d'armes défensives » à l'Iran. Cependant la presse américaine révèle qu'il y a eu trois livraisons d'armes et qu'elles ont chaque fois précédé de quelques jours la libération d'un otage américain du Liban.

Le 16, George Shultz, secrétaire d'État, confirme qu'il n'était pas au courant des ventes d'armes et qu'il les désapprouve totalement. Les tractations avec l'Iran étaient menées par l'intermédiaire de membres du Conseil national de sécurité, dépendant uniquement de la Maison-Blanche.

Le 19, Ronald Reagan déclare, au cours d'une conférence de presse, qu'il a « ordonné que ne soient plus vendus à l'Iran d'armements d'aucune sorte ». Cependant, sans arriver à convaincre l'opinion, il déclare qu'il reste persuadé du bien-fondé de sa décision et qu'il en assume totalement la responsabilité. Après avoir nié qu'un « troisième pays » était impliqué, il doit reconnaître qu'Israël servait d'intermédiaire pour le transit de toutes les livraisons d'armes, qui seraient beaucoup plus importantes que les « petites quantités » annoncées tout d'abord.

Le 25, Ronald Reagan reconnaît devant la presse qu'un rapport du ministre de la Justice lui a fait découvrir que l'application de sa politique à l'égard de l'Iran avait été « sérieusement viciée ». Il déclare que, « bien que non directement impliqué », le vice-amiral John Poindexter a demandé à quitter son poste de conseiller du président pour les affaires de sécurité nationale et que le lieutenant-colonel Oliver North a été relevé de ses fonctions au sein du Conseil national de sécurité. C'est à ce dernier qu'est attribuée la responsabilité du détournement des fonds obtenus grâce aux ventes d'armes à l'Iran au profit de la guérilla antisandiniste du Nicaragua : de 10 à 30 millions de dollars auraient ainsi été versés aux « contras » sans l'aval du Congrès et sans que le président soit mis au courant. Ronald Reagan annonce aussi qu'il va nommer une commission spéciale d'enquête « pour procéder à un examen global du rôle et des procédures du Conseil national de sécurité ». Cette commission sera présidée par John Tower, ancien sénateur républicain. Ces révélations mettent en cause l'autorité et la crédibilité du président, à tel point que son indice de popularité dans l'opinion chute de 23 points en un mois (de 66 à 43 p. 100), tandis que la presse se montre très virulente et accumule les comparaisons avec le scandale du Watergate qui avait contraint en 1974 Richard Nixon à démissionner.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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