2-26 août 1993
C.E.E.. Répercussions de la crise du S.M.E. sur l'Union monétaire et les relations franco-allemandes
Le 2, au terme d'une réunion de crise de quarante-huit heures consécutive à la vague spéculative sans précédent qui a affecté, à la fin de juillet, plusieurs devises du système monétaire européen (S.M.E.) dont le franc français, le comité monétaire de la C.E. décide d'élargir la marge de fluctuation de chaque monnaie autour de son cours pivot au sein duS.M.E.. Il s'agit de la troisième – et de la plus grave – attaque contre le S.M.E., après celles de septembre 1992 et de janvier 1993. Cette mesure, qui autorise implicitement le flottement interne des monnaies au sein du S.M.E., permet de sauver l'Europe monétaire et la construction européenne dans son ensemble. Si le Premier ministre Édouard Balladur estime que « la valeur du franc est maintenue », celui-ci perd, au cours du mois, jusqu'à 3 p. 100 de sa valeur face au deutsche Mark. Pour sa part, le Premier ministre britannique John Major déclare « totalement irréaliste », dans ces conditions, le calendrier prévu pour la réalisation de l'Union économique et monétaire (U.E.M.), qui prévoit l'instauration d'une monnaie unique le 1er janvier 1999 au plus tard.
Le 3, la réunion à Paris du Conseil économique et financier franco-allemand est l'occasion pour les ministres des deux pays de réaffirmer publiquement leur étroite coopération. Le gouvernement français rappelle que le calendrier prévu pour l'U.E.M. par le traité de Maastricht est maintenu.
Le 9, néanmoins, le chancelier Helmut Kohl déclarera que celui-ci pourrait être retardé de « un ou deux ans », tandis que John Major proposera de remplacer la notion de « monnaie unique » par celle de « monnaie commune », c'est-à-dire coexistant avec les monnaies nationales.
Le 12, Édouard Balladur dénonce la spéculation internationale et affirme que sa politique économique restera inchangée.
Le 26, à Bonn, où Helmut Kohl reçoit le Premier ministre français, les deux chefs de gouvernement tentent de renouer un dialogue éprouvé par la tempête monétaire.