2-26 novembre 1987
France. L'« affaire Luchaire » et le débat sur le financement des partis
Le 2, Le point, trois jours après L'Express, relance l'affaire des ventes d'armes à l'Iran par la société Luchaire, ouverte le 13 mars 1986 par le dépôt d'une plainte de Paul Quilès, alors ministre de la Défense dans le gouvernement Fabius. Selon les deux hebdomadaires, un rapport remis en juin 1986 par Jean-François Barba, contrôleur général des armées, à la demande du ministre actuel André Giraud, et classé « confidentiel-défense » mettrait en cause deux anciens collaborateurs de Charles Hernu, ancien ministre de la Défense, et laisserait entendre que le Parti socialiste aurait reçu des commissions sur les ventes d'armes.
Le 4, Le Figaro publie le rapport. Dans l'après-midi, André Giraud annonce à l'Assemblée nationale le déclassement du rapport Barba, ce qui permettra de ne pas poursuivre pour violation du secret-défense les journaux l'ayant publié et de le verser dans le dossier de l'instruction. Le bureau exécutif du P.S. décide de porter plainte pour diffamation, tandis que se développe la polémique sur cette affaire, qui pose le problème du financement des partis et risque de mettre en cause, au-delà de son ancien ministre de la Défense, le chef de l'État.
Le 16, François Mitterrand, sur R.T.L., reconnaît avoir ignoré l'existence d'un trafic d'armes qu'il avait interdit. Mais il déclare qu'il mettrait sa « main au feu » que le P.S. n'a pas touché de commission dans cette affaire. Il demande au gouvernement de déposer à l'Assemblée nationale un projet de loi sur le financement des partis et des campagnes électorales, annonçant qu'il accepterait de convoquer le Parlement en session extraordinaire en janvier 1988, afin que la loi soit votée.
Le 19, dans un entretien publié au Figaro, Jacques Chirac affirme vouloir aboutir à un accord sur le financement de la vie publique et propose une rencontre aux responsables des formations représentées par un groupe à l'Assemblée nationale. Ceux-ci acceptent, le même jour, l'idée d'une concertation sur ce sujet.
Le 26, Lionel Jospin (P.S.), Georges Marchais (P.C.F.), Jean Lecanuet (U.D.F.), Jacques Toubon (R.P.R.) et Jean-Marie Le Pen (F.N.) se réunissent à l'hôtel Matignon autour du Premier ministre. Si l'entente semble possible sur les dépenses électorales et sur le patrimoine des élus, elle paraît plus difficile sur le financement des partis et son contrôle, l'U.D.F. le R.P.R. et le P.C. refusant un financement public.
Une autre réunion, le 9 décembre, permettra de « préciser les points de convergence » avant que soit rédigé le projet de loi qui doit être examiné par le Parlement au début de 1988.