2-27 août 2012
Syrie. Contre-offensive du régime à Alep et extension du conflit aux pays voisins
Le 2, l'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, nommé en février médiateur de la Ligue arabe et de l'O.N.U. en Syrie, annonce qu'il renonce à son mandat. Il déplore la « militarisation » du conflit, tant par le régime de Damas que par la rébellion, ainsi que l'absence de « pression internationale sérieuse, déterminée et unie » sur le président Bachar al-Assad, et dénonce les « initiatives unilatérales » – allusion au soutien de la Russie à Damas comme à celui des États du Golfe à la rébellion.
Le 4, le régime affirme avoir repris le contrôle de la capitale, où les attentats continuent toutefois. L'Armée syrienne libre (A.S.L.) revendique ainsi l'enlèvement de quarante-huit ressortissants iraniens qu'elle accuse, pour certains, d'être des gardiens de la révolution et non des pèlerins, comme l'affirme Téhéran.
Le 6, le Premier ministre Riad Hijab, nommé en juin – dont les fonctions demeurent principalement honorifiques –, fait défection et se réfugie en Jordanie. Il déclare que « sa conscience et sa morale lui interdisent de servir un régime qui a commis les atrocités les plus abjectes » et dénonce le « génocide » contre le peuple syrien auquel se livre Damas.
Le 7, Saïd Jalili, représentant personnel du Guide suprême de la révolution iranienne Ali Khamenei, se rend à Damas où il déclare au président Bachar al-Assad que « l'Iran ne permettra jamais la destruction de l'axe de la résistance [à Israël et aux États-Unis] dont la Syrie est un pilier essentiel ».
Le 8, l'armée lance une vaste contre-offensive à Alep, dont l'A.S.L. contrôle plusieurs quartiers depuis juillet.
Le 9, les services de renseignement libanais arrêtent Michel Samaha, ancien ministre libanais et homme fort des Syriens dans son pays. Ils le soupçonnent d'avoir fomenté des attentats dans le nord du Liban, en relation avec la crise syrienne, sur ordre du général Ali Mamlouk, chef du Bureau de la sécurité nationale de Damas, qui coordonne l'ensemble des services de sécurité syriens, et contre lequel le parquet militaire libanais engage des poursuites.
Le 10, l'A.S.L. se replie dans la banlieue d'Alep, alors que la ville est soumise à d'intenses bombardements.
Le 10 également, des incidents armés opposent les armées syrienne et jordanienne à la frontière entre les deux pays, dans le secteur de Tel Chihab-Tourra, alors que des réfugiés syriens tentaient de fuir vers la Jordanie. Selon le Haut-Commissariat de l'O.N.U. pour les réfugiés, plus de deux cent soixante-dix mille Syriens ont fui vers la Turquie, la Jordanie, le Liban et l'Irak depuis mars 2011, et le nombre de déplacés à l'intérieur du pays s'élève à un million de personnes.
Le 15, le clan chiite libanais de la famille Moqdad, qui entretient des relations avec le Hezbollah, revendique l'enlèvement de réfugiés syriens sur le sol libanais, après le rapt d'un membre de la famille Moqdad par des insurgés, le 13, en Syrie. Les rebelles, principalement sunnites, accusent le Hezbollah chiite d'envoyer des combattants servir le régime de Damas.
Le 16, le Conseil de sécurité des Nations unies met fin à la Mission de supervision des Nations unies en Syrie (Misnus) créée en avril. La Misnus devait surveiller l'application du cessez-le-feu entré en vigueur ce même mois, qui n'a jamais été respecté.
Le 16 également, le sommet islamique de La Mecque annonce la suspension de la Syrie de l'Organisation de la coopération islamique.
Le 17, l'O.N.U. nomme le diplomate algérien Lakhdar Brahimi au poste de médiateur en Syrie, en remplacement de Kofi Annan.
Le 20, le président américain Barack Obama évoque une possible intervention militaire en Syrie en cas de déploiement ou d'utilisation d'armes chimiques par le régime de Damas.
À partir du 20, des affrontements meurtriers opposent les habitants des quartiers alaouite et sunnite de Tripoli, au Liban, respectivement partisans et adversaires du régime de Damas.
Le 21, Damas et Moscou concluent un accord de principe sur l'exportation de pétrole syrien vers la Russie en échange de fourniture de carburant à la Syrie.
Le 26, à Daraya, une ville sunnite proche de Damas soumise à des bombardements depuis le 21, les corps d'au moins trois cent trente personnes, parmi lesquelles des femmes et des enfants tués à bout portant, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, sont découverts par les rebelles.
Le 27, lors de la conférence annuelle des ambassadeurs, le président français François Hollande s'engage à reconnaître « le gouvernement provisoire de la nouvelle Syrie » dès que celui-ci sera mis en place.