2-27 janvier 1997
Yougoslavie. Résistance du pouvoir à la reconnaissance des résultats des municipales
Le 2, un mois et demi après l'annulation des résultats des élections municipales remportées par l'opposition, le Saint-Synode, instance suprême de l'Église orthodoxe serbe, « condamne le pouvoir qui a non seulement ignoré la volonté électorale du peuple, mais a aussi et avant tout foulé aux pieds notre glorieuse et douloureuse histoire [...], nos valeurs nationales et morales ». Ce communiqué est lu au cours de la manifestation qui rassemble quotidiennement à Belgrade, depuis novembre 1996, les étudiants contestataires et les opposants au régime du président Slobodan Milošević.
Le 3, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (O.S.C.E.), réunie à Vienne pour étudier le rapport de la mission conduite sur place, en décembre 1996, par l'Espagnol Felipe González, demande l'application « rapide et complète » des recommandations émises par celle-ci. La mission de l'O.S.C.E. avait constaté la victoire de l'opposition dans quatorze grandes villes du pays, dont Belgrade, et préconisé l'approfondissement de la démocratisation du régime.
Le 3 également, le gouvernement serbe reconnaît, dans une lettre à l'O.S.C.E., la victoire de l'opposition dans neuf circonscriptions de la capitale et dans trois autres villes.
Le 11, les États-Unis annoncent le gel de leurs relations diplomatiques et commerciales avec la Yougoslavie.
Le 13, plusieurs centaines de milliers d'opposants célèbrent le nouvel an orthodoxe dans les rues de Belgrade.
Le 14, les commissions électorales de Belgrade et de Nis reconnaissent la victoire de l'opposition aux élections municipales dans les deux premières villes du pays.
Le 16, pour la troisième fois en deux semaines, une personnalité proche du régime de Belgrade est assassinée dans le Kosovo, province majoritairement peuplée d'Albanais, par une mystérieuse « Armée de libération du Kosovo ». Ce regain de tension dans cette région en proie à une agitation autonomiste entraîne un durcissement du pouvoir à son égard.
Le 27, à la suite des plaintes déposées le 20 par le Parti socialiste au pouvoir ainsi que par le Parti nationaliste, la justice annule la décision prise le 14 par la commission électorale de Belgrade. En revanche, la décision concernant Nis sera effectivement appliquée.