2-28 avril 1993
France. Présentation du programme de gouvernement d'Édouard Balladur
Le 2, le premier Conseil des ministres de la nouvelle cohabitation se réunit sous la présidence de François Mitterrand. Ce dernier déclare : « Nous sommes ici parce que le peuple l'a voulu. » De son côté, le Premier ministre Édouard Balladur affirme qu'il entend « appliquer [la] Constitution à la fois dans sa lettre et dans son esprit ». Il demande à ses ministres de procéder à 20 milliards de francs d'économies dans le cadre du projet de loi de finances rectificative.
Le 8, le programme de gouvernement pour les cinq ans à venir que présente Édouard Balladur devant l'Assemblée nationale est approuvé par quatre cent cinquante-sept voix contre quatre-vingt-une et deux abstentions. Le Premier ministre entend « créer un nouvel exemple français qui [...] permettra de rénover [la] société tout entière » dans le respect des principes de « renouveau », de « tolérance » et de « rassemblement ». Ses principales propositions concernent l'indépendance de la justice et la réforme du Code de procédure pénale, le contrôle de l'immigration et la réforme du Code de la nationalité, l'autonomie de la Banque de France, le soutien du marché de l'immobilier et de la construction, l'allègement des charges des entreprises, la maîtrise des déficits publics, les privatisations, l'engagement d'une politique de concertation sociale, le rééquilibrage des régimes sociaux, la promotion de l'apprentissage, la sauvegarde de l'agriculture et de l'espace rural, la redistribution des ressources entre collectivités locales riches et pauvres, le renforcement de la construction européenne, la modernisation de la capacité nucléaire, et la réunion d'une conférence internationale dans un cadre européen en vue de « stabiliser la situation en Europe ». Édouard Balladur affirme également sa volonté de restaurer un « État républicain » impartial.
Le 9, Édouard Balladur met en place une commission d'évaluation de la situation sociale, économique et financière de la France présidée par Jean Raynaud, procureur général près la Cour des comptes.
Le 14, le président Mitterrand émet des « réserves » concernant la communication du ministre de l'Intérieur Charles Pasqua sur la sécurité, en raison notamment de l'association faite par celui-ci entre la violence urbaine, la drogue, les immigrés clandestins et les « étrangers ».
Le 15, lors de l'émission « 7 sur 7 » sur T.F.1, Édouard Balladur défend son ministre tout en rejetant les « débats d'apparence » avec le chef de l'État.
Le 15 également, le Sénat approuve par deux cent vingt-trois voix contre quinze la déclaration de politique générale du gouvernement prononcé par le Premier ministre.
Le 18, le baromètre mensuel de l'I.F.O.P. publié par le Journal du dimanche indique que Édouard Balladur enregistre la cote de popularité la plus élevée pour un Premier ministre sous la Ve République, avec 56 p. 100 de « satisfaits » contre 12 p. 100 de « mécontents ».
Les 27 et 28 se déroule le premier débat d'orientation de la nouvelle législature, consacré à la ville. Dans un climat très consensuel, Simone Veil, ministre d'État chargé des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville, prône une politique « plus simple et plus souple », tout en s'inscrivant dans la continuité des actions menées par les gouvernements socialistes.