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2-28 janvier 2007

Irak - États-Unis. Renforcement des effectifs américains

Le 2, Ban Ki-moon, qui vient de prendre ses fonctions de secrétaire général de l'O.N.U., surprend les observateurs en s'abstenant de condamner la pendaison de Saddam Hussein. Alors que l'organisation est par principe opposée à la peine de mort, il déclare que l'application de celle-ci demeure du ressort de chaque État membre.

Le 6, toutefois, il demande à Bagdad de surseoir à l'exécution de l'ancien chef des services de renseignement du régime baasiste Barzan Al-Tikriti, demi-frère de Saddam Hussein, ainsi que de l'ancien président du « tribunal révolutionnaire » Awad Ahmed Al-Bandar, tous deux condamnés à mort en novembre en même temps que l'ancien dictateur.

Le 6 également, le Premier ministre irakien Nouri Al-Maliki s'élève contre les critiques de l'exécution de Saddam Hussein qui se sont exprimées dans le monde, estimant que celle-ci était non pas une « décision politique », mais le résultat d'un « juste procès ». Ces critiques constituent, selon lui, « un affront aux familles des victimes » de l'ancien président.

Le 8, le procès des déportations de Kurdes perpétrées en 1988 dans le nord de l'Irak, et dont le bilan s'élève à quelque cent quatre-vingt mille morts, reprend à Bagdad. Saddam Hussein en était le principal accusé.

Le 9, aux États-Unis, rompant avec la relative neutralité de l'opposition démocrate au sujet de la crise irakienne, le sénateur Ted Kennedy, frère de l'ancien président John F. Kennedy, déclare lors d'une conférence de presse: « L'Irak est le Vietnam de George Bush. Et, comme au Vietnam, la seule solution rationnelle est politique et non pas militaire. »

Le 10, dans un discours télévisé prononcé depuis la Maison-Blanche, le président George W. Bush présente sa nouvelle politique en Irak, où les États-Unis doivent selon lui « changer de stratégie ». « En augmentant, dit-il, notre soutien en ce moment crucial et en aidant les Irakiens à briser le cycle actuel de la violence, nous pouvons en fait nous rapprocher du jour où nos troupes pourront commencer à rentrer ». George W. Bush annonce que vingt et un mille cinq cents soldats américains supplémentaires viendront rejoindre les cent trente-deux mille qui sont déjà déployés dans le pays, principalement à Bagdad, afin d'« aider les Irakiens à nettoyer et sécuriser » la capitale, mais aussi dans la province d'Al-Anbar, bastion de la rébellion sunnite. Le président américain présente également des mesures destinées à renforcer la politique de reconstruction, afin de consolider les avancées militaires sur le terrain. Enfin, il fait part d'engagements pris par le gouvernement irakien, notamment pour accroître la participation des sunnites au processus politique, modérer la « débaasisation » de la société et instaurer un meilleur partage des recettes pétrolières entre les différentes communautés du pays. Il ne fait pas allusion aux initiatives diplomatiques en direction de l'Iran et de la Syrie prônées en décembre 2006 par le rapport de la commission parlementaire Baker-Hamilton sur l'Irak, évoquant simplement la mobilisation de « toutes les ressources de la diplomatie américaine pour susciter un soutien à l'Irak à travers tout le Moyen-Orient ». Ce nouveau plan de déploiement du corps expéditionnaire en Irak suscite le scepticisme des milieux militaires et politiques américains.

Le 11, lors d'une opération à Erbil, dans le Kurdistan irakien, l'armée américaine arrête six Iraniens qu'elle accuse d'être « étroitement liés aux activités visant l'Irak et la coalition » américaine.

Le 12, le Premier ministre britannique Tony Blair se prononce en faveur d'une « politique étrangère [...] maintenant une alliance forte avec les États-Unis » et réaffirme son soutien à l'intervention armée en Irak, sans toutefois commenter le renforcement des effectifs américains.

Le 13, Nouri Al-Maliki réagit officiellement au discours de George W. Bush en déclarant que le plan américain illustre une « vision commune et une compréhension mutuelle » entre les deux pays.

Le 15, Barzan Al-Tikriti et Awad Ahmed Al-Bandar sont pendus à Bagdad. Ces exécutions, et notamment l'absence de « dignité » qui les aurait caractérisées, suscitent de nouvelles critiques à l'étranger.

Le 16, à Bagdad, un attentat-suicide doublé d'un attentat à la voiture piégée fait quelque soixante-dix morts devant l'université Mustansiriyah. Au total, plus de cent quarante personnes sont tuées dans la capitale au cours de la journée. Un rapport de l'O.N.U., publié le même jour, affirme que trente-quatre mille quatre cent quarante-deux civils ont été tués en Irak en 2006.

Le 18, Nouri Al-Maliki, qui est l'objet de critiques de la part de Washington, déclare, dans un entretien avec la presse, que si les États-Unis « s'étaient impliqués davantage et plus rapidement [en Irak], il y aurait eu moins de morts ».

Le 21, le chef radical chiite Moqtada Al-Sadr, dont la formation détient cinq portefeuilles ministériels sur trente-sept, annonce la fin de son boycottage du gouvernement décidé en novembre 2006.

Le 22, près de cent quarante civils, en majorité chiites, sont tués dans le pays, dont quatre-vingt-huit lors d'un double attentat à la voiture piégée sur un marché de l'est de la capitale.

Le 23, dans son discours sur l'état de l'Union, le président Bush demande aux parlementaires de donner à sa nouvelle politique en Irak « une chance de réussir », alors que ceux-ci y sont majoritairement opposés.

Le 23 également, l'armée américaine annonce que l'« armée du Mahdi », le bras armé de la formation de Moqtada Al-Sadr, a été la cible de nombreux raids des forces américano-irakiennes depuis décembre 2006, et que des centaines de ses combattants ont été arrêtés.

Le 24, la commission des Affaires étrangères du Sénat adopte une motion de défiance affirmant que l'augmentation des effectifs américains en Irak est « contraire à l'intérêt national ». L'un des onze membres républicains de la commission a voté avec ses onze collègues démocrates.

Le 25, le mouvement de Moqtada Al-Sadr déclare se rallier au plan américain de sécurisation de Bagdad et se dit « prêt à déposer les armes ».

Le 27, à Washington, une centaine de milliers de manifestants réclament l'arrêt de la guerre en Irak et demandent au Congrès de refuser les crédits visant à financer les renforts en effectifs.

Le 28, au nord de la ville de Nadjaf, des affrontements entre des miliciens chiites et les forces de la coalition font plus de deux cents morts dans les rangs des premiers.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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