2-28 septembre 2007
France. Débat entre relance économique et rigueur
Le 2, la ministre de l'Économie Christine Lagarde évoque le «plan de rigueur» que l'État applique à la fonction publique à travers sa décision de ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Le secrétaire général de l'Élysée Claude Guéant corrige aussitôt l'expression en préférant évoquer un «plan de revalorisation» de la fonction publique.
Le 5, l'Organisation de coopération et de développement économiques (O.C.D.E.) publie ses estimations révisées de croissance pour 2007. Pour l'ensemble des pays de la zone euro, l'estimation s'établit à 2,6 p. 100, contre 2,7 p. 100 en mai, et pour la France, à 1,8 p. 100, au lieu de 2,2 p. 100. L'O.C.D.E. relève que «la France n'a pas autant participé que ses voisins européens à la reprise de la zone euro», que la croissance de la demande y est «relativement soutenue», mais que «l'offre peine à suivre», le pays étant «pénalisé par la faiblesse de son appareil de production».
Le 6, le président Nicolas Sarkozy déclare: «La croissance, je ne l'attendrai pas, j'irai la chercher.»
Le 11, la Commission européenne publie à son tour ses estimations de croissance pour 2007, ramenant le taux prévu pour la zone euro à 2,5 p. 100 et celui de la France à 1,9 p. 100.
Le 11 également, Paris transmet à Bruxelles un rapport préliminaire relatif à son programme de stabilité pour la période 2008-2012. Celui-ci prévoit pour 2008 un déficit public équivalant à 2,3 p. 100 du P.I.B. et un taux de croissance situé entre 2 p. 100 et 2,5 p. 100. Le retour à l'équilibre des finances publiques n'est pas annoncé avant 2012. L'objectif d'une dette publique inférieure à 60 p. 100 du P.I.B. serait quant à lui atteint en 2011.
Le 14, Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe réuni à Porto, met en garde de façon inhabituelle la France, affirmant que les réformes structurelles défendues par Paris et la consolidation budgétaire exigée par Bruxelles «doivent aller ensemble».
Le 15, Nicolas Sarkozy s'en prend à Jean-Claude Juncker, dont il critique l'inaction, ainsi qu'au président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, auquel il demande de baisser les taux d'intérêt.
Le 21, le Premier ministre François Fillon, répondant lors d'une visite en Corse à des revendications d'agriculteurs, affirme être «à la tête d'un État qui est en situation de faillite». «Nous ne préparons pas les esprits à un plan d'austérité», précisera Henri Guaino, conseiller à la présidence de la République. En octobre 1995, rappellent des commentateurs, cinq mois après son élection à la tête de l'État, Jacques Chirac avait abandonné l'objectif de réduction de la «fracture sociale» pour celui des déficits publics.
Le 26, le Conseil des ministres adopte le projet de loi de finances pour 2008. Fondé sur une prévision de croissance de 2,25 p. 100, celui-ci se solde par un déficit de 41,7 milliards d'euros. Il prévoit la suppression de 22 800 emplois publics. Les taux de pression fiscale, d'endettement et de déficit public demeurent quasi inchangés.
Le 28, lors des journées parlementaires de l'U.M.P., François Fillon déclare, à propos de la réduction des déficits: «Aller plus vite, ce serait prendre le risque [...] d'éteindre le réacteur de la croissance.»