2-29 août 1998
Congo (République démocratique du). Tentative de renversement du régime de Laurent-Désiré Kabila
Le 2, dans la province du Kivu, des soldats banyamulenge – Congolais tutsi d'origine rwandaise –, aidés par des troupes rwandaises, se soulèvent contre le régime de Laurent-Désiré Kabila dont ils dénoncent le « népotisme », la « corruption » et « le manque de gouvernance ». C'est de cette même région de l'est du pays qu'était partie la rébellion, soutenue par les Banyamulenge, le Rwanda et l'Ouganda, qui a abouti à l'éviction du président Mobutu Sese Seko, en mai 1997. Les Banyamulenge reprocheraient au président Kabila de ne pas avoir tenu sa promesse de leur céder le contrôle du Kivu. Le Rwanda et l'Ouganda dénoncent, quant à eux, depuis plusieurs mois l'incapacité de Kinshasa à mettre fin aux agissements des rébellions dirigées depuis le Kivu contre les régimes de Kigali et de Kampala. En juillet, le président Kabila a rompu avec ses anciens alliés en ordonnant le retrait des troupes étrangères de la république démocratique du Congo (R.D.C.).
Le 4, des forces rebelles aéroportées prennent position dans la province du Bas-Congo, à l'ouest de Kinshasa.
Le 5, Arthur Z'Ahidi Ngoma, opposant au régime du président Mobutu puis à celui du président Kabila, est « élu » à la tête de la rébellion. Le ministre congolais des Affaires étrangères, Bizima Karaha, proche du Rwanda et réfugié en Afrique du Sud, s'y rallie.
Le 6, le président Kabila, qui confirme la chute de Goma et de Bukavu, chefs-lieux du Kivu, déclare que son pays « est victime d'une agression du Rwanda et d'un vaste complot des Tutsi qui veulent diriger le gouvernement et occuper le pays ». Kigali dément toute responsabilité, de même que Kampala, mis en cause le 9 par Kinshasa.
Le 13, les rebelles s'emparent du barrage d'Inga, sur le fleuve Congo, en aval de Kinshasa, privant la capitale d'électricité.
Le 15, les étrangers commencent à quitter Kinshasa, au premier rang desquels les Français, qui sont la cible de l'hostilité des autorités et de la population.
Le 16, les divers courants de la rébellion regroupés au sein du Rassemblement congolais pour la démocratie annoncent la constitution d'un comité directeur dirigé par Ernest Wamba dia Wamba. Le président Kabila quitte Kinshasa pour Lubumbashi, dans le sud.
Le 18, à Harare, à l'issue d'une réunion de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (S.A.D.C.), le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, annonce l'envoi d'une aide au président Kabila pour « rétablir la paix et la stabilité ». De son côté, l'Organisation de l'unité africaine condamne toute intervention extérieure et appelle les rebelles à déposer les armes et à engager un « dialogue constructif » avec le gouvernement.
Le 20, des soldats zimbabwéens débarquent à Kinshasa. L'Afrique du Sud se désolidarise de cette initiative.
Le 22, l'Angola, voisin de la R.D.C. lui apporte à son tour son aide militaire. Ses forces prennent à revers les positions des rebelles dans l'ouest du pays. Les jours suivants, ceux-ci annoncent la prise de Kisangani, dans l'est du pays et de Kalemié, dans le sud-est.
Le 23, les pays de la S.A.D.C., réunis à Pretoria sur l'initiative du président sud-africain Nelson Mandela, appellent au cessez-le-feu et à l'organisation d'élections en R.D.C.
Le 26 et les jours suivants, des affrontements opposent des rebelles aux forces congolaises, zimbabwéennes et angolaises aux abords de Kinshasa.
Le 29, la rébellion abandonne ses positions dans l'ouest du pays et se replie sur Goma.