2-29 avril 1985
Liban. Exode des chrétiens du Liban du Sud après le retrait de l'armée israélienne
Le 2, 1 167 détenus libanais du camp d'al-Ansar au Liban du Sud sont transférés en Israël et 752 autres sont libérés après la fermeture du camp en raison du redéploiement de l'armée israélienne vers le sud. La Croix-Rouge dénonce, le 3, une violation par Jérusalem de la quatrième convention de Genève qui interdit le transfert de prisonniers hors du territoire occupé.
Le 11 commence la deuxième des trois phases du retrait de l'armée israélienne du Liban du Sud ; elle a lieu en trois étapes : d'abord, la région de Nabatieh, puis, le 24, Jezzine et l'ouest de la plaine de la Bekaa, et enfin, le 29, la région de Tyr. Après ces évacuations, tout le centre du Liban du Sud est libéré et la moitié des soldats engagés au Liban ont regagné Israël. Il reste, le long de la frontière, une « zone de sécurité » de 850 kilomètres carrés, de laquelle les Israéliens doivent se retirer au plus tard au début de juin.
Le 13 marque le dixième anniversaire de la guerre du Liban, ou plutôt des guerres du Liban, car il y a déjà eu au moins quatre conflits différents, qui ont fait 100 000 morts, 280 000 blessés et des destructions estimées à 20 milliards de dollars.
Le 15, l'armée libanaise envoie une colonne de trente véhicules blindés de transport de troupes vers Saïda, au Liban du Sud, où de violents combats opposent, depuis le 18 mars, les Forces libanaises (milices chrétiennes unifiées) aux milices musulmanes et de gauche ainsi qu'aux Palestiniens.
Les 16 et 17, à Beyrouth-Ouest, les miliciens chiites d'Amal de Nabih Berri ainsi que les miliciens druzes du Parti socialiste progressiste (P.S.P.) de Walid Joumblatt s'opposent très durement aux miliciens sunnites Mourabitouns, soutenus par les Palestiniens, qui subissent une sévère défaite dans ce secteur où la très grande majorité des habitants est sunnite. Damas aurait donné son accord à cette bataille pour tenter d'éliminer des camps palestiniens les combattants favorables à Yasser Arafat. Rachid Karamé, Premier ministre sunnite du gouvernement d'« union nationale », annonce sa démission. Il la retirera cependant à la demande de la Syrie après une réunion rassemblant, à Damas, les 23 et 24, les dirigeants des trois communautés musulmanes sunnite, chiite et druze.
Le 23, les combattants chrétiens des Forces libanaises venus de Beyrouth évacuent Saïda et regagnent la capitale libanaise. Ce retrait unilatéral est suivi de représailles contre les villages chrétiens de la région de Saïda, qui sont envahis par les milices musulmanes ou par les Palestiniens : les chrétiens sont contraints à l'exode et leurs maisons pillées et dévastées.
Le 28, c'est au tour des miliciens druzes du P.S.P. de donner l'assaut aux villages chrétiens de l'Iklim-el-Kharroub, secteur charnière entre la montagne du Chouf et la région de Saïda. Près de 30 000 chrétiens, qui se voient ainsi couper la route de Beyrouth, sont chassés vers Jezzine, principale localité chrétienne du Liban du Sud, où l'armée israélienne, en se retirant, le 24, a laissé des soldats de son alliée, l'armée du Liban du Sud du général Lahad, pour défendre la ville, ou vers Marjayoun, qui se trouve dans la zone encore occupée par les troupes de Jérusalem. Les Israéliens sont accusés d'avoir favorisé les affrontements intercommunautaires au Liban pour faire fuir les chrétiens, qui ne leur sont pas hostiles, vers la bande frontalière : celle-ci pourrait ainsi servir de « zone de sécurité » pour l'État hébreu.