2-29 février 1984
Liban. Déroute de l'armée libanaise et évacuation de Beyrouth par les contingents américain, italien et britannique
À partir du 2, à Beyrouth, les affrontements sporadiques entre les miliciens du mouvement chiite Amal et l'armée libanaise s'aggravent : après l'attaque, par Amal, d'une position de l'armée, cette dernière réplique, le 3, en bombardant la banlieue sud de Beyrouth, provoquant d'importantes destructions et de nombreuses victimes.
Le 5, le président Amine Gemayel accepte la démission du gouvernement de Chafic Wazzan et annonce la formation d'un « gouvernement d'union nationale ». Il propose à nouveau à l'opposition de renouer le dialogue avec le pouvoir et lance un appel à la reprise de la conférence sur le dialogue national à partir du 27 février à Genève. Walid Joumblatt, chef du Parti socialiste progressiste (P.S.P., druze), et Nabih Berri rejettent ces propositions et demandent même la démission d'Amine Gemayel.
Les 6 et 7, les miliciens chiites d'Amal prennent le contrôle de Beyrouth-Ouest après de très violents combats. En moins de vingt-quatre heures, la ligne de démarcation instaurée entre les secteurs chrétien et musulman de Beyrouth en 1975-1976, mais supprimée en octobre 1982, est rétablie.
Le 7, le président Reagan annonce le prochain « redéploiement » des soldats américains de la force multinationale vers les navires qui mouillent au large de la côte libanaise.
Le 8, le contingent britannique (115 soldats) évacue les positions qu'il tenait à Beyrouth, tandis que les autorités italiennes décident le repli « graduel » de leur contingent et que Paris demande officiellement au président du Conseil de sécurité de l'O.N.U. d'entamer des démarches pour favoriser le remplacement de la force multinationale par des casques bleus des Nations unies. Cependant, à Beyrouth, les combats se poursuivent entre Amal et l'armée le long de la ligne de démarcation entre l'est et l'ouest, et le pilonnage des quartiers est (secteur chrétien) à partir des positions du P.S.P. et des Syriens en montagne s'accroît. Le cuirassé américain New Jersey réplique à ces bombardements.
Le 14, les miliciens druzes, soutenus par les Syriens, lancent une importante offensive dans la montagne au sud-est de Beyrouth : en 48 heures, l'armée ainsi que les forces libanaises (milices chrétiennes) perdent à peu près toutes leurs positions et sont ensuite chassées de tout le littoral au sud de Beyrouth.
Le 16, le président Gemayel accepte un plan saoudien de règlement de la crise libanaise : ce plan comporte l'abrogation de l'accord israélo-libanais du 17 mai 1983. Malgré cette concession, l'opposition libanaise, puis, le 17, la Syrie, rejettent ce plan.
Le 20, les derniers soldats italiens achèvent leur évacuation de Beyrouth.
Le 25, le repli des soldats américains sur leurs navires se termine : la force multinationale, qui a compté jusqu'à six mille hommes à Beyrouth, est réduite au contingent français (environ 1 250 soldats).
Le 29, tandis que le président libanais Gemayel arrive à Damas, où il est accueilli avec les plus grands égards par le président syrien Hafez el-Assad, au Conseil de sécurité des Nations unies l'U.R.S.S. oppose son veto à la proposition française d'envoi de casques bleus de l'O.N.U. à Beyrouth, adoptée par tous les autres membres du Conseil sauf l'Ukraine.