2-29 juin 1999
Yougoslavie. Conclusion d'un accord de paix pour le Kosovo et déploiement de la Kfor
Le 2, tandis que l'opération « Force alliée » lancée en mars par l'Alliance atlantique contre la Yougoslavie se poursuit, Russes et Occidentaux parviennent à un accord, à Bonn, sur la force de paix qui doit être déployée au Kosovo. Les Russes obtiennent que celle-ci soit mandatée par l'O.N.U. et les Occidentaux, que la part de l'O.T.A.N. y soit substantielle et que le commandement en soit unique.
Le 3, les émissaires russe, Viktor Tchernomyrdine, et européen, le président finlandais Martti Ahtisaari, présentent au président yougoslave Slobodan Milošević le plan de paix défendu par les alliés depuis le début de l'intervention : arrêt des violences, retrait des forces serbes, déploiement d'une force de paix internationale, retour des réfugiés et, enfin, administration internationale du Kosovo et octroi d'un statut d'autonomie à la province. Après avoir obtenu un vote favorable du Parlement de Serbie, la présidence fédérale annonce qu'elle accepte le plan de paix. L'ensemble de la classe politique yougoslave approuve cette décision, excepté le Parti radical (ultranationaliste) de Vojislav Seselj, qui quittera le gouvernement le 14.
Le 7, le bombardement par un avion de l'O.T.A.N. d'unités serbes rassemblées à la frontière albanaise fait plusieurs centaines de morts.
Le 8, les ministres des Affaires étrangères du G8, réunis à Cologne, parviennent à un accord sur un projet de résolution qui est transmis au Conseil de sécurité. Le texte satisfait les exigences occidentales sur la plupart des points litigieux : la force de paix internationale est autorisée à employer la force en cas de non-respect des dispositions prescrites ; la « participation fondamentale » de l'O.T.A.N. à la force de paix « sous un commandement et un contrôle unifiés » est indiquée en annexe ; « toutes » les forces serbes doivent quitter le Kosovo ; enfin, « la coopération totale de toutes les parties concernées [...] avec le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie » est exigée. L'Alliance atlantique cesse aussitôt ses bombardements.
Le 9, à Kumanovo, en Macédoine, les responsables militaires yougoslaves et ceux de l'Alliance concluent un accord relatif au retrait des forces serbes du Kosovo.
Le 10, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte à l'unanimité moins une abstention – celle de la Chine – la résolution 1244 qui autorise le déploiement de la Kosovo Force (Kfor). Pour la première fois depuis le début du conflit, le président Milošević s'adresse aux Serbes et leur déclare que « l'agression est terminée » et qu'il n'a « pas donné le Kosovo ».
Le 12, la Kfor, placée sous le commandement du général britannique Michael Jackson et forte de 50 000 hommes appartenant à une trentaine d'États, fait son entrée au Kosovo. La province est divisée en cinq zones placées sous le contrôle des Américains, des Britanniques, des Français, des Allemands et des Italiens. La veille, des troupes russes, accueillies dans la liesse par la population serbe, ont pris position de façon imprévue sur l'aéroport de Priština, le chef-lieu du Kosovo.
Les jours suivants, les Serbes fuient la province par peur des représailles, tandis que les réfugiés albanais commencent à rentrer au Kosovo – à la fin du mois, près de 500 000 Albanais auront regagné la province, où ils retrouvent souvent leur maison pillée ou détruite. Des accrochages opposent les paramilitaires serbes aux soldats de la Kfor, qui commencent à découvrir les premiers charniers attestant des massacres d'Albanais. De leur côté, les soldats de l'Armée de libération du Kosovo (U.Ç.K.) prennent le contrôle des positions abandonnées par les forces serbes.
Le 15, le Saint-Synode des évêques, la plus haute instance de l'Église orthodoxe, demande la démission de Slobodan Milošević.
Le 18, Américains et Russes parviennent à un accord sur l'intégration des troupes russes au sein de la Kfor. Celles-ci, qui ne disposeront pas de leur propre secteur comme le souhaitait Moscou, recevront leurs ordres d'officiers russes intégrés au sein des structures de commandement de la Kfor, que contrôle l'O.T.A.N.
Le 20, à la suite du retrait total des forces serbes du Kosovo, l'O.T.A.N. annonce la fin de sa campagne de bombardements.
Le 20 également, le sommet du G8, réuni à Cologne, déclare que l'aide économique à la Yougoslavie est subordonnée au départ du président Milošević.
Le 21, à Priština, le général Jackson signe avec Hashim Thaçi, chef politique de l'U.Ç.K., un accord de démilitarisation immédiate et de désarmement des combattants indépendantistes. Ceux-ci doivent remettre leurs armes lourdes aux soldats de l'O.N.U. et quitter l'uniforme.
Le 21 également, deux soldats britanniques d'une unité de Gurkhas sont tués lors d'une opération de déminage près de Priština.
Le 24, le Parlement yougoslave lève l'état de guerre imposé dès le premier jour des bombardements alliés, en mars.
Le 27, alors que les incidents entre Serbes et Albanais se multiplient, l'O.T.A.N. insiste sur la nécessité d'envoyer rapidement au Kosovo des forces de police mandatées par l'O.N.U. pour y maintenir l'ordre.
Le 29, plus de 10 000 personnes réclament la démission du président Milošević lors d'une manifestation – interdite par Belgrade – organisée à Cacak, dans le centre de la Serbie, par une coalition de partis d'opposition.