2-29 mai 2007
France. Élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République et formation par François Fillon du nouveau gouvernement
Le 2, un débat télévisé diffusé sur T.F.1. et France 2 et arbitré par les journalistes Patrick Poivre d'Arvor et Arlette Chabot oppose les deux candidats en lice pour le second tour de l'élection présidentielle. À l'issue d'une confrontation portant largement sur les sujets économiques et sociaux, au cours de laquelle chacun des candidats a paru soucieux de délivrer de lui-même une image maîtrisée, les deux camps affichent leur satisfaction.
Le 6, Nicolas Sarkozy remporte le second tour de l'élection présidentielle avec 53,06 p. 100 des suffrages exprimés, contre 46,94 p. 100 réunis par Ségolène Royal. Le taux de participation de 83,97 p. 100 confirme la tendance enregistrée au premier tour du scrutin et retrouve les niveaux élevés atteints en 1981 et 1988. Au centre de nombreuses spéculations politiques, les électeurs qui avaient voté en faveur de François Bayrou au premier tour du scrutin semblent, selon les sondages, s'être à peu près également répartis entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal.
Le 10, au jardin du Luxembourg, à Paris, Jacques Chirac, chef de l'État sortant, et Nicolas Sarkozy, président élu, apparaissent ensemble pour la journée commémorative de l'abolition de l'esclavage. À l'issue de la cérémonie, ils ont un entretien avec Saad Hariri, chef de la majorité parlementaire antisyrienne au Liban.
Le 10 également, le Conseil national de l'U.D.F. adopte une résolution portant création du Mouvement démocrate, en association avec Cap 21, le parti écologiste dirigé par Corinne Lepage. Le « MoDem », dont le congrès fondateur est annoncé pour l'automne, résulte de la volonté politique de François Bayrou qui, au lendemain du premier tour de la présidentielle, avait annoncé la naissance d'une « force de contre-pouvoir ». Le futur nouveau parti entend présenter des candidats dans toutes les circonscriptions à l'occasion des prochaines législatives. Au même moment, Hervé Morin, député U.D.F de l'Eure qui s'était rallié le 29 avril à la candidature de Nicolas Sarkozy, confirme sa rupture avec François Bayrou.
Le 14, Nicolas Sarkozy rencontre les représentants des partenaires sociaux.
Le 15, le Premier ministre Dominique de Villepin présente la démission de son gouvernement au président de la République, Jacques Chirac.
Le 16, au palais de l'Elysée, la cérémonie de passation des pouvoirs réunit Jacques Chirac, dont le mandat vient à expiration à minuit, et Nicolas Sarkozy, qui devient président de la République après proclamation par le président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré des résultats officiels de l'élection. Dans son discours d'investiture, le nouveau chef de l'État affirme l'« exigence » qu'il ressent de tenir les engagements qui ont été pris et sa « conviction qu'au service de la France, il n'y a pas de camp. Il n'y a que les bonnes volontés de ceux qui aiment leur pays. Il n'y a que les compétences, les idées et les convictions de ceux qui sont animés par la passion de l'intérêt général ».
Le 16 également, Nicolas Sarkozy se rend à Berlin pour un entretien avec la chancelière allemande Angela Merkel.
Le 17, François Fillon, sénateur U.M.P. de la Sarthe, ancien membre des gouvernements d'Édouard Balladur, d'Alain Juppé et de Jean-Pierre Raffarin, est, selon les attentes, nommé Premier ministre.
Le 18, le secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant, rend publique la composition du nouveau gouvernement. Constitué de quinze ministres et quatre secrétaires d'État, celui-ci se distingue par 'une tendance à la parité (sept femmes ministres) et l'ouverture à des personnalités extérieures à l'U.M.P. et même issues du Parti socialiste. Alain Juppé, seul ministre d'État, est en charge d'un superministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables; Jean-Louis Borloo (Parti radical) est ministre de l'Économie, des Finances et de l'Emploi; Michèle Alliot-Marie est ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer et des Collectivités locales; Bernard Kouchner (dont l'exclusion du Parti socialiste est annoncée comme prochaine) est ministre des Affaires étrangères et européennes; Brice Hortefeux est ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Codéveloppement; Rachida Dati est ministre de la Justice; Xavier Bertrand est ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité; Xavier Darcos est ministre de l'Éducation nationale; Valérie Pécresse est ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche; Hervé Morin (U.D.F.-Majorité présidentielle) est ministre de la Défense; Roselyne Bachelot est ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports; Christine Boutin est ministre du Logement et de la Ville; Christine Lagarde est ministre de l'Agriculture et de la Pêche; Christine Albanel est ministre de la Culture et de la Communication, porte-parole du gouvernement; Éric Woerth est ministre du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique; Roger Karoutchi est secrétaire d'État chargé des Relations avec le Parlement, auprès du Premier ministre; Éric Besson (ex-P.S.) est secrétaire d'État à la Prospective et Évaluation des politiques publiques, auprès du Premier ministre; Dominique Bussereau est secrétaire d'État aux Transports, auprès du ministre de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables; Jean-Pierre Jouyet (ancien collaborateur de Lionel Jospin à Matignon) est secrétaire d'État aux Affaires européennes, auprès du ministre des Affaires étrangères et européennes. Hors gouvernement, Martin Hirsch, président d'Emmaüs-France et réputé de gauche, est nommé haut commissaire aux solidarités actives contre les pauvretés.
Le 23, Nicolas Sarkozy se rend à Bruxelles. Il y confirme sa volonté de négocier rapidement le texte d'un « traité simplifié » en vue de remplacer le projet de Constitution européenne mis en échec en 2005.
Le 29, réunis autour d'Hervé Morin et d'André Santini, la majorité des députés U.D.F. de l'Assemblée sortante, en désaccord avec l'orientation prise par François Bayrou, annoncent la création au sein de la majorité présidentielle d'un « Nouveau Centre » qui présentera des candidats aux législatives sous l'étiquette du Parti social libéral européen.