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2-29 mars 1997

Albanie. Insurrection dans le sud du pays et mobilisation internationale

Le 2, le Parlement décrète l'état d'urgence sur l'ensemble du territoire en raison des émeutes meurtrières qui secouent le sud du pays depuis février.

Le 3, le Parlement, dominé par le Parti démocratique au pouvoir, réélit Sali Berisha à la tête de l'État. Celui-ci limoge le chef d'état-major de l'armée et décide l'envoi de forces spéciales et de blindés dans le Sud en vue de reprendre le contrôle de Tirana. Dans le même temps, les autorités renforcent leur contrôle de l'opposition.

Le 6, devant l'inertie de l'armée dans le Sud – dont une partie des effectifs rallie même l'insurrection – et face aux pressions des pays occidentaux, le président Berisha annonce la suspension des opérations militaires et demande aux insurgés de déposer les armes.

Le 9, alors que l'armée a cédé ses dernières positions dans le Sud, Sali Berisha annonce la conclusion d'un accord avec l'opposition. Celui-ci prévoit une amnistie générale, la constitution d'un gouvernement de réconciliation nationale où l'opposition – y compris le Parti socialiste (ex-communiste) – serait représentée, ainsi que l'organisation d'élections avant le mois de juin. Les insurgés accueillent cet accord avec réserve. Leur exigence initiale d'être remboursés des pertes subies du fait de l'effondrement des sociétés financières « pyramidales » a peu à peu évolué, pour les plus organisés d'entre eux, vers des revendications plus politiques – démission de Sali Berisha et mesures de démocratisation – que l'accord ne satisfait que partiellement. Et l'opposition signataire de l'accord ne dispose d'aucun pouvoir sur les rebelles.

Le 11, le pouvoir et l'opposition s'entendent, dans l'indifférence générale, sur la nomination de Bashkim Fino, un économiste membre du Parti socialiste, au poste de Premier ministre. Par ailleurs, le mouvement d'insurrection gagne le nord du pays.

Le 12, des troubles ont lieu à Shkodër. La distribution des armes se poursuit dans les deux camps, alors que le bilan des affrontements s'élève déjà à plusieurs dizaines de morts.

Le 13 et les jours suivants, les Occidentaux entreprennent le rapatriement de leurs ressortissants, tandis que les forces politiques albanaises réclament « une intervention armée des Européens pour restaurer l'ordre constitutionnel et préserver l'intégrité du pays ».

Le 14, à l'issue d'une mission effectuée à la demande de l'O.S.C.E., l'ancien chancelier autrichien Franz Vranitsky préconise une intervention extérieure dans une situation qualifiée de « chaos » et non de « guerre civile ».

Le 15 et le 16, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne décident de n'envoyer en Albanie qu'une mission d'évaluation des besoins.

Le 16, le président Berisha annonce le limogeage du chef de la police secrète, le S.H.I.K., véritable bras armé du pouvoir, et l'amnistie du président du Parti socialiste, Fatos Nano, emprisonné depuis 1993.

Le 19, le gouvernement italien adopte des mesures pour encadrer l'afflux sur les côtes italiennes de plus de dix mille réfugiés albanais en une semaine.

Le 20, alors qu'est venu à expiration l'ultimatum exigeant la démission du président Berisha, les délégués des quatorze villes rebelles du Sud démentent vouloir attaquer la capitale et acceptent de collaborer avec le Premier ministre à la condition que le S.H.I.K. et la radiotélévision d'État, directement liés à la présidence, soient réformés et qu'une enquête soit ouverte sur la faillite des sociétés financières « pyramidales ».

Le 27, l'O.S.C.E. approuve l'envoi en Albanie d'une force multinationale de cinq mille hommes, sous commandement italien, afin de « contribuer à un environnement sûr dans la perspective des actions des organisations internationales [...] et de la préparation des futures élections ».

Le 28, le naufrage d'un bateau albanais dans le détroit d'Otrante à la suite d'une collision avec une vedette de la marine italienne entraîne la mort de plusieurs dizaines de réfugiés.

Le 29, la résolution 1101 du Conseil de sécurité de l'O.N.U. autorise le déploiement d'une « force multinationale temporaire de protection » dont le mandat est fixé à trois mois.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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