2-30 avril 1981
France. Grèves de la faim contre les expulsions d'immigrés
Le 2, à Lyon, le pasteur Jean Costil, l'abbé Christian Delorme et un Algérien âgé de trente-deux ans en instance d'expulsion commencent une grève de la faim destinée à dénoncer la situation des jeunes immigrés, nés en France, qui sont expulsés vers le pays d'origine de leurs parents, dont ils ne connaissent souvent pas la langue. Soutenus par une soixantaine de personnalités ayant signé un manifeste « contre la France de l'apartheid », ainsi que par de nombreux prêtres et des représentants du Parti socialiste, dont François Mitterrand, les grévistes de la faim alertent Amnesty International ainsi que l'O.N.U., dont le directeur de la division des droits de l'homme, Theo van Boven, reçoit le père Delorme à Genève, le 21.
Le 22, une manifestation de soutien réunit plusieurs milliers de personnes à Lyon.
Le 23, Jean-Philippe Lecat, porte-parole du président de la République, estime que les « questions soulevées méritent effectivement une très grande attention ».
Le 29, alors que les trois protestataires terminent leur quatrième semaine de jeûne, entrant ainsi, selon les médecins, dans une « phase dangereuse », Christian Bonnet, ministre de l'Intérieur, fait savoir que, dorénavant, sauf « délits graves », les expulsions de jeunes immigrés sont suspendues pendant trois mois.
Le 30, et bien qu'ils pensent n'avoir pas atteint leur but, les trois hommes cessent leur grève de la faim, après des tractations menées avec les autorités par de hautes personnalités ecclésiastiques (Mgr Alexandre Renard, Mgr Roger Etchegaray, pasteur Jacques Maury).