2-30 janvier 1993
Bosnie-Herzégovine. Impasse dans les négociations
Le 2, à Genève, les coprésidents de la conférence internationale sur l'ex-Yougoslavie ouverte le 3 septembre 1992 – Cyrus Vance pour l'O.N.U. et lord Owen pour la C.E.E. – exposent aux représentants des belligérants bosniaques – le Serbe Radovan Karadzic, le Croate Mate Boban et le Musulman Alija Izetbegovic – un projet de « cadre constitutionnel de la Bosnie-Herzégovine », selon lequel celle-ci deviendrait un État décentralisé découpé en dix provinces autonomes. Chacune des composantes ethniques serait majoritaire dans trois des dix provinces, la dixième étant constituée par la capitale Sarajevo, qui aurait le statut de ville ouverte. Chacune des provinces disposerait de la plupart des prérogatives gouvernementales, mais pas de la personnalité juridique internationale. Les Croates sont les seuls à adhérer sans objections aux propositions de la conférence. Les Musulmans estiment que le redécoupage de la Bosnie entérine la politique serbe de « purification ethnique ». Les Serbes récusent ce plan. Les travaux de la conférence sont suspendus le 4. Des combats sporadiques se poursuivent en Bosnie.
Le 8, le vice-président bosniaque Hakija Turajlic, qui se trouvait dans un blindé des Nations unies, est tué par un milicien serbe près de Sarajevo. Ce geste illustre l'impuissance des forces de l'O.N.U.
Le 12, sous la pression du président serbe Slobodan Milošević, Radovan Karadzic accepte le plan de la conférence de Genève, à la condition que le « parlement » de la « république serbe de Bosnie », autoproclamée le 7 avril 1992 sur près de 70 p. 100 du territoire bosniaque, l'approuve. Les pressions internationales sur les Serbes se renforcent.
Le 20, après que Radovan Karadzic a mis son poste en jeu, le « parlement » de la « république serbe de Bosnie » accepte le plan de paix à une large majorité, mais assortit son accord d'un certain nombre de conditions.
Le 22, en Croatie, l'armée déclenche une offensive dans la région de Zadar contre les milices serbes qui occupent depuis août 1991 la Krajina, territoire croate peuplé majoritairement de Serbes. L'objectif des Croates est de désenclaver le sud du pays, totalement isolé. Zagreb entend ainsi protester contre l'inaction des forces de l'O.N.U. stationnées sur place, et rappeler son refus de l'occupation du tiers de son territoire par les Serbes.
Le 25, deux casques bleus français sont tués et deux autres blessés en Krajina du Sud.
Le 26, la France annonce l'envoi en Adriatique du porte-avions Clemenceau.
Le 30, constatant l'impasse dans laquelle se trouvent les négociations de Genève, Cyrus Vance et lord Owen décident de s'en remettre au Conseil de sécurité des Nations unies pour imposer leur plan de paix en Bosnie.