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2-30 juillet 1987

France - Iran. Rupture des relations diplomatiques entre Paris et Téhéran

Le 2, en début de soirée, le chargé d'affaires iranien à Paris tient, dans les locaux de l'ambassade, une conférence de presse essentiellement consacrée à l'« affaire Gordji ». Ce dernier, qui aurait fait office de « numéro deux » iranien à Paris, sans en avoir le statut diplomatique, avait été convoqué le 3 juin par le juge Boulouque, spécialisé dans les affaires de terrorisme, mais avait disparu avant d'avoir pu être entendu. Or il réapparaît en étant l'interprète de cette conférence de presse, ce qui confirme les soupçons de la police française qui contrôle les entrées et les sorties de l'ambassade depuis le 29 juin. À la suite de cette conférence de presse, un peu plus tard dans la soirée, François Mitterrand réunit à l'Élysée Jacques Chirac, Jean-Bernard Raimond, Charles Pasqua et Robert Pandraud : une attitude de fermeté à l'égard de l'Iran est décidée.

Le 5, Jean-Bernard Raimond souligne que la « normalisation » des relations entre la France et l'Iran est « suspendue ».

Le 11, un incident oppose Paris à Téhéran à propos d'un diplomate iranien dont les bagages personnels ont été contrôlés, malgré son refus, par des douaniers français dans la partie française de l'aéroport de Genève. Le diplomate assure avoir été brutalisé, ce que dément Paris, et Téhéran affirme que des documents confidentiels lui ont été « volés ».

Le 13, un porte-conteneurs français, le Ville d'Anvers, est attaqué dans le Golfe par des vedettes iraniennes. Paris proteste vigoureusement contre cette « agression » et demande à Téhéran des « explications officielles ».

Le 14, à Téhéran, le premier secrétaire de l'ambassade de France, Paul Torri, est accusé d'« espionnage » et d'autres délits passibles en Iran de la peine de mort. Paris affirme que ces accusations, totalement infondées, ne visent qu'à « créer artificiellement un pendant au cas de Wahid Gordji » et rappelle l'« immunité diplomatique » dont jouit Paul Torri.

Le 16, Téhéran menace de rompre ses relations diplomatiques avec la France si le dispositif policier autour de son ambassade à Paris n'est pas levé dans les soixante-douze heures.

Le 17, Paris, jugeant ces conditions « inacceptables », annonce la rupture des relations diplomatiques avec l'Iran, décidée à l'issue d'une rencontre entre François Mitterrand et Jacques Chirac à l'Élysée. Quelques heures après la décision française, Téhéran annonce une mesure analogue en accusant Paris d'avoir violé la convention de Vienne sur la protection des diplomates. Une quinzaine de Français restent bloqués dans les locaux de l'ambassade à Téhéran, de même qu'environ quarante Iraniens demeurent bloqués à Paris. Des négociations s'engagent sur le sort de ces personnels, mais elles s'annoncent longues et complexes.

Le 21, cinq Libanais sont interpellés à Paris : ils sont soupçonnés d'être liés au réseau terroriste d'intégristes pro-iraniens démantelé depuis mars. Mais seuls deux d'entre eux sont inculpés le 25 par le juge Boulouque. L'un aurait travaillé quelque temps à l'ambassade d'Iran, en particulier pour Wahid Gordji. Cependant, au Liban, se multiplient les manifestations antifrançaises du Hezbollah (Parti de Dieu) et les menaces du Djihad islamique à l'égard des otages français qu'il détient.

Le 30, le porte-avions Clemenceau, ainsi que les deux frégates et le pétrolier-ravitailleur qui forment avec lui le groupe aéronaval de la Méditerranée, quittent Toulon : ils avaient reçu la veille l'ordre d'appareiller et de se diriger vers l'océan Indien et la mer d'Oman « pour protéger les intérêts français ». Jacques Chirac avait expliqué le 29 : « Nous n'avons aucune intention agressive, mais nous exigeons d'être respectés et nous ferons en sorte de l'être. »

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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