2-30 juin 1991
Algérie. Instauration de l'état de siège
Le 2, le président Chadli Bendjedid prononce une allocution télévisée, alors que la campagne pour les premières élections législatives pluralistes, fixées aux 27 juin et 18 juillet, s'est ouverte la veille : il appelle les Algériens à ne pas se laisser entraîner par les « fauteurs de troubles », visant ainsi les intégristes qui manifestent depuis le 25 mai pour demander l'abrogation de la loi électorale et une élection présidentielle anticipée.
Le 4, les forces de police évacuent dès les premières heures les militants du Front islamique du salut (F.I.S.), qui occupaient depuis dix jours des places et des rues à Alger. De violents affrontements entre les forces de l'ordre (militaires et policiers) et les militants du F.I.S. font au moins dix-sept morts.
Le 5, le président Chadli instaure l'état de siège à partir de 0 heure, reporte les élections à une date ultérieure et renvoie le Premier ministre, Mouloud Hamrouche, en poste depuis septembre 1989. Ce dernier est remplacé, le soir même, par Sid Ahmed Ghozali, qui était ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement démissionnaire.
Le 6, le couvre-feu est décrété à Alger et dans trois départements limitrophes de 23 heures à 3 h 30. Le calme revient progressivement dans la capitale.
Les 7 et 9, S.A. Ghozali annonce la tenue, avant la fin de l'année, d'élections législatives et présidentielle, affirmant qu'elles seront « loyales et propres ». Il précise également qu'il va former un gouvernement non partisan. La promesse d'un scrutin présidentiel anticipé entraîne le F.I.S. à annuler son mot d'ordre de grève générale, lancé le 25 mai.
Le 18, après de longues consultations avec toutes les formations politiques, S.A. Ghozali présente son gouvernement, composé de vingt-neuf membres, surtout des techniciens. Un délégué aux droits de l'homme et deux femmes en font partie. Pour la première fois depuis l'indépendance, aucun membre du gouvernement, sauf son chef, n'est un membre éminent du F.L.N.
Le 21, Ali Benhadj, numéro deux du F.I.S., appelle les militants islamistes à « stocker des armes ».
Les 25 et 26, de jeunes militants islamistes, bravant le couvre-feu et réclamant la fin de l'état de siège, se heurtent avec les forces de l'ordre dans les rues d'Alger et de sa banlieue. Ces affrontements font officiellement sept morts. L'armée puis le Premier ministre lancent de sévères mises en garde aux intégristes.
Le 30, à la suite de nouvelles émeutes, l'armée arrête les deux principaux dirigeants du F.I.S., Abassi Madani et Ali Benhadj, ainsi que des centaines d'autres militants islamistes les jours suivants.