Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

2-30 juin 2005

Liban. Élections législatives et assassinats politiques

Le 2, à Beyrouth, le journaliste Samir Kassir, l'un des membres fondateurs du Mouvement de la gauche démocratique, connu pour ses positions antisyriennes, est tué dans un attentat à la bombe. L'assassinat est revendiqué par les Combattants pour l'unité et la liberté au pays de Cham – la « Grande Syrie » historique. L'opposition attribue l'attentat aux services secrets libanais – noyautés par Damas – et syriens. Il s'agit du premier attentat ciblé depuis celui qui a tué l'ancien Premier ministre Rafic Hariri en février, et il survient cinq jours après le début des élections législatives. Plusieurs dirigeants de l'opposition réclament le départ du président Émile Lahoud.

Le 5, lors de la deuxième étape des élections législatives qui ont débuté en mai, et à la suite du boycottage du scrutin par l'opposition, la coalition formée par les partis chiites du Hezbollah, d'Amal – milice chiite – et par d'autres partis prosyriens remporte la totalité des 23 sièges à pourvoir dans les circonscriptions du sud du pays. Le taux de participation s'élève à 45 p. 100.

Le 12, la troisième phase du scrutin législatif, organisée dans les régions du mont Liban et de la plaine de la Bekaa, est marquée par la percée inattendue de la liste du général maronite Michel Aoun. Alliée pour la circonstance à des formations druzes ou chrétiennes prosyriennes, celle-ci remporte 21 sièges sur les 58 à pourvoir. La coalition antisyrienne, dirigée dans la région par le druze Walid Joumblatt, obtient 25 sièges – dont 6 pour les candidats sunnites de Saad Hariri – et le Hezbollah 10. Les deux derniers élus sont indépendants. Le taux de participation s'élève à 50 p. 100.

Le 19, lors de la dernière phase des élections législatives, la coalition dirigée par Saad Hariri, fils de l'ex-Premier ministre assassiné, remporte les 28 sièges à pourvoir dans le nord du pays. Le taux de participation s'élève à 49 p. 100. Au total, l'opposition antisyrienne obtient ainsi la majorité absolue au Parlement avec 72 élus sur 128, contre 33 pour le Hezbollah et 21 pour la liste du général Aoun.

Le 21, à Beyrouth, l'ancien secrétaire général du Parti communiste Georges Haoui, hostile à la présence syrienne au Liban, est tué dans un attentat à la bombe.

Le 28, conformément à l'usage – et malgré la domination des antisyriens au Parlement, c'est un chiite, Nabih Berri, chef d'Amal et fidèle allié du président Lahoud, qui est réélu président du Parlement.

Le 30, le président Lahoud charge le sunnite Fouad Siniora, un économiste libéral proche de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, de former le nouveau gouvernement.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

Événements précédents

  • 7-29 mai 2005 Liban. Début des élections législatives

    Le 7, le retour du dirigeant chrétien maronite Michel Aoun dans son pays est orchestré de façon spectaculaire. Le général Aoun, Premier ministre de septembre 1988 à octobre 1990, opposé à la Syrie, était exilé en France depuis août 1991. La justice libanaise avait précédemment annulé les poursuites le...

  • 3-26 avril 2005 Liban. Retrait des troupes syriennes et nouveau gouvernement

    Le 3, le gouvernement syrien informe l'envoyé spécial de l'O.N.U. Terje Roed Larsen qu'il retirera du Liban l'ensemble de ses effectifs militaires et son appareil de renseignement, avant le 30 avril.

    Le 7, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte à l'unanimité la résolution 1595...

  • 5-24 mars 2005 Liban. Retrait militaire syrien

    Le 5, alors que les pays arabes renforcent leurs pressions sur Damas en vue d'un règlement du dossier libanais, le président syrien Bachar Al-Assad annonce devant le Parlement, à Damas, le retrait des « forces [syriennes] présentes au Liban vers la région de la Bekaa, puis jusqu'aux frontières libano-syriennes...

  • 14-28 février 2005 Liban. Assassinat de Rafic Hariri et démission du gouvernement

    Le 14, à Beyrouth, un attentat à l'explosif cause la mort de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri et de quatorze autres personnes. Rafic Hariri avait quitté le gouvernement en octobre 2004 en raison de son désaccord sur la modification constitutionnelle, inspirée par Damas, permettant au président...

  • 20-26 octobre 2004 Liban. Nomination d'un Premier ministre prosyrien

    Le 20, le Premier ministre Rafic Hariri présente sa démission. Il ne parvenait pas, depuis la réélection du président prosyrien Émile Lahoud en septembre, à imposer un gouvernement réformiste dont la Syrie ne veut pas.

    Le 26, le nouveau Premier ministre Omar Karamé présente son gouvernement, qui...

  • 2-7 septembre 2004 Liban. Le président Émile Lahoud autorisé à se représenter

    Le 2, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte la résolution 1559, laquelle demande que le scrutin présidentiel libanais soit « libre et équitable, conforme aux dispositions de la Constitution [et] sans interférence étrangère ». La Syrie, non explicitement citée, est le seul pays qui maintienne des...

  • 24 janvier 2002 Liban. Assassinat de l'ancien chef des milices chrétiennes Elie Hobeika

    L'ancien milicien chrétien Elie Hobeika est tué dans l'explosion de sa voiture, à Beyrouth. Ancien chef des Forces libanaises, il était considéré comme le principal responsable des massacres perpétrés dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et de Chatila en septembre 1982, pendant l'intervention...

  • 5-20 août 2001 Liban. Durcissement du régime pro-syrien

    Du 5 au 8, les services de la sécurité militaire procèdent à l'arrestation de plus de 200 membres de l'opposition chrétienne, appartenant au Courant patriotique libre proche de l'ancien général Michel Aoun, en exil en France, ou aux Forces libanaises (F.L.), la milice dissoute de Samir Geagea, aujourd'hui...

  • 16 avril 2001 Israël - Liban. Bombardement israélien de positions syriennes

    L'aviation israélienne bombarde une station radar syrienne située à l'est de Beyrouth, tuant au moins deux soldats. Cette attaque d'une position militaire syrienne au Liban, la première depuis 1982, intervient deux jours après une attaque du Hezbollah contre une position tenue par l'armée israélienne...

  • 3 septembre 2000 Liban. Victoire de l'opposition aux élections législatives

    L'opposition, incarnée par l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, riche homme d'affaires sunnite, et par le chef druze du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, remporte les élections législatives dont la première phase s'était déroulée le 27 août. Le Premier ministre sortant, Sélim Hoss, est...