2-30 juin 2012
Syrie. Intensification des affrontements
Le 2, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (O.S.D.H.) fait état de la mort de quatre-vingt-neuf personnes au cours de la journée dans le pays, dont cinquante-sept militaires – les plus lourdes pertes enregistrées par l'armée en une journée depuis le début des troubles en mars 2011. L'O.S.D.H. estime à plus de treize mille quatre cents le nombre des victimes des violences depuis cette date.
Le 3, le président Bachar al-Assad nie toute responsabilité dans le massacre de civils à Houla, en mai, et continue d'accuser l'étranger de mener une « guerre » contre son pays.
Le 6, plus de cinquante personnes sont tuées dans le village de Mazraat al-Koubeir, près de Hama, dans le centre du pays, qui est soumis aux bombardements de l'armée. Le Conseil national syrien (C.N.S.), principale coalition de l'opposition, met en cause les milices favorables au régime. Les observateurs internationaux mandatés par les Nations unies pour surveiller l'application du cessez-le-feu promulgué en avril – et quotidiennement violé –, qui souhaitaient se rendre sur place, sont la cible de tirs et doivent renoncer.
Le 8, l'armée reprend le pilonnage de la ville de Homs, un bastion insurgé, déjà visée par des bombardements massifs en février et où les violences n'ont jamais cessé depuis lors. Les combats empêchent l'évacuation des blessés et des civils.
Le 10, le C.N.S élit à sa présidence Abdel Basset Sayda. Celui-ci remplace Burhan Ghalioun, qui avait démissionné en mai. Depuis Istanbul, Abdel Basset Sayda appelle les Syriens à la solde du régime à « faire défection ». Il assure notamment les alaouites et les chrétiens du caractère non discriminatoire de l'« État démocratique » que le C.N.S. souhaite instaurer.
Le 12, le rapport annuel de l'O.N.U. sur « Les enfants et les conflits armés » accuse le régime syrien et les milices qui le soutiennent d'exécutions, de torture, d'emprisonnement et d'utilisation d'enfants comme boucliers humains. L'Armée libre de Syrie est également accusée de recruter des enfants soldats.
Le 16, le général norvégien Robert Mood, qui commande les opérations de la Mission de supervision de l'O.N.U. en Syrie (Misnus) créée en avril, annonce la suspension de celles-ci pour des raisons de sécurité, alors que l'intensité des affrontements ne cesse de croître.
Le 21, le colonel Hassan Merhi al-Hamadeh est le premier pilote de chasse de l'aviation syrienne à faire défection. Aux commandes de son Mig-21, il se pose en Jordanie, où il obtient l'asile politique.
Le 22, un avion de chasse turc F-4 Phantom est abattu par un missile au large des côtes syriennes. Les deux pilotes sont portés disparus. Damas affirme que l'appareil se trouvait dans l'espace aérien syrien.
Le 24, le gouvernement turc reconnaît que l'avion, qui effectuait un vol d'entraînement, avait brièvement et par erreur pénétré dans l'espace aérien syrien, mais qu'il ne s'y trouvait plus quand il a été abattu.
Le 26, le Conseil de l'Atlantique nord, réuni à Bruxelles à la demande d'Ankara, condamne la destruction de l'avion turc tout en manifestant une volonté d'apaisement.
Le 26 également, lors d'un discours prononcé à Damas à l'occasion de l'investiture du gouvernement de Riad Hijab – nommé Premier ministre le 6 –, le président Bachar al-Assad déclare: « Nous vivons une véritable situation de guerre. [...] Toutes nos politiques doivent être mises au service de la victoire. »
Le 27, les insurgés détruisent les locaux de la chaîne d'information officielle Al-Ikhbariya dans la capitale.
Le 30 se tient à Genève, sur l'initiative de l'émissaire de l'O.N.U. et de la Ligue arabe Kofi Annan, une réunion sur la « transition politique » à Damas, dans le cadre du « groupe d'action » composé des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de la Russie, de la Chine, de la Turquie, du Qatar, du Koweït, de l'Irak, ainsi que des secrétaires généraux de l'O.N.U. et de la Ligue arabe et de la haute représentante de l'Union européenne. Le document final, qui reflète la position russe, prône la mise en place, sans calendrier précis, d'une « entité gouvernementale provisoire » dont les participants, membres du régime et opposants, seraient choisis sur la base du « consentement mutuel ». Les parties en conflit sont traitées de façon équivalente. Le texte n'évoque pas le départ du président Bachar al-Assad.