2-8 avril 1992
France. Nomination de Pierre Bérégovoy au poste de Premier ministre
Le 2, François Mitterrand nomme Pierre Bérégovoy Premier ministre en remplacement d'Édith Cresson. En poste depuis le 15 mai 1991, cette dernière n'était pas parvenue à se rendre populaire ni à imposer son autorité aux dirigeants du Parti socialiste. Les mauvais résultats du P.S. aux élections régionales et cantonales des 22 et 29 mars expliquent son départ. Âgé de soixante-six ans, ancien ouvrier, autodidacte, Pierre Bérégovoy a été nommé secrétaire général de la présidence de la République en 1981, avant d'exercer les fonctions de ministre des Affaires sociales et de la Solidarité nationale de 1982 à 1984, puis de ministre de l'Économie, des Finances et du Budget de 1984 à 1986, et de nouveau depuis 1988, date à laquelle il a accédé au rang de ministre d'État. Sa politique de rigueur, de défense du franc et d'encouragement aux entreprises lui a permis de maintenir à un bon niveau les indices de l'économie française, à l'exception notable de celui du chômage. Membre des instances dirigeantes du P.S. depuis 1969, Pierre Bérégovoy a été élu maire de Nevers en 1983 et député de la Nièvre en 1986.
Le 2 également, l'Élysée publie la composition du nouveau gouvernement, qui comprend vingt-six ministres au lieu de vingt-neuf précédemment et est marqué par une forte présence des fidèles du chef de l'État. Numéro deux du gouvernement, Jack Lang est chargé d'un « superministère » regroupant la Culture et l'Éducation. Le courant de Laurent Fabius, auquel appartient Pierre Bérégovoy, dispose de neuf ministères. Les écologistes ne sont plus représentés. Jean-Marie Rausch reste le seul ministre issu du centre. Les radicaux de gauche conservent deux portefeuilles. Entrent au gouvernement Michel Vauzelle (P.S., Justice), Ségolène Royal (P.S., Environnement), René Teulade (Affaires sociales et Intégration), Émile Zuccarelli (M.R.G., Poste et Télé-communications), Marie-Noëlle Lienemann (P.S., déléguée au Logement et au Cadre de vie). La principale surprise réside dans la nomination de Bernard Tapie (Ville). Bernard Kouchner est promu (Santé et Action humanitaire). Paul Quilès (Intérieur et Sécurité publique), Michel Sapin (Économie et Finances), Michel Delebarre (Fonction publique), Jean-Louis Bianco (Transports et Logement), Jean-Marie Rausch (Commerce extérieur), Georges Kiejman (délégué aux Affaires étrangères) et Marcel Debarge (Coopération et Développement) changent d'attribution. Les principaux départs sont ceux de Lionel Jospin, Philippe Marchand, Henri Nallet, Bruno Durieux et Jean Poperen.
Le 4 est publiée la liste des quinze secrétaires d'État. Les nouveaux venus sont Martin Malvy (P.S., Relations avec le Parlement, porte-parole du gouvernement), Jean Glavany (P.S., Enseignement technique) et Charles Josselin (P.S., Mer).
Le 8, en Conseil des ministres, Pierre Bérégovoy, qui dispose de onze mois avant les prochaines échéances électorales, présente les trois mots guides de sa politique : « décider, expliquer, convaincre ». Dans sa déclaration de politique générale devant l'Assemblée nationale, il affirme son intention de lutter contre les trois « fléaux » qui « démoralisent » la société française, « le chômage, l'insécurité et la corruption ». Dans le cadre de la lutte contre le chômage, il s'engage notamment à proposer une activité aux neuf cent mille chômeurs de longue durée avant la fin d'octobre. Il annonce également l'abandon du projet de scrutin proportionnel pour les élections législatives de 1993, ainsi qu'un moratoire sur les essais nucléaires français en 1992.