2 août-5 septembre 1992
Bosnie-Herzégovine. Condamnation unanime de la « purification ethnique » et réunion de la conférence internationale
Le 2, le quotidien new-yorkais Newsday publie des témoignages relatifs aux atrocités qui seraient commises dans les camps de détention d'Omarska et de Brcko – qualifiés de « camps de la mort » – que les Serbes ont installés dans le nord de la Bosnie dans le cadre de leur politique de « purification ethnique ».
Le 3, les États occidentaux confirment et condamnent ces pratiques dont l'O.N.U. aurait été avertie dès le mois de juin.
Le 4, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. adopte une déclaration qui exige l'ouverture des camps de détention serbes en Bosnie aux inspections du Comité international de la Croix-Rouge (C.I.C.R.).
Le 13, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte les résolutions 770 et 771. La première autorise « toutes les mesures nécessaires » pour protéger l'acheminement en Bosnie de l'aide humanitaire. La seconde condamne les pratiques d'« épuration ethnique ». Mais peu de pays sont prêts à envoyer des forces de protection militaire sur le terrain. La France est la première à annoncer la mise à disposition de l'O.N.U. de onze cents hommes supplémentaires, bientôt suivie par la Grande-Bretagne, l'Italie, la Belgique et le Canada. L'Union de l'Europe occidentale annoncera, le 28, qu'elle regroupera les initiatives militaires européennes.
Le 13 également, le C.I.C.R. sort de sa traditionnelle réserve pour dénoncer les « traitements inhumains » qui sont pratiqués dans les camps de Bosnie qu'il a inspectés, ainsi que « les transferts massifs et forcés de population ».
Le 14, la Commission des droits de l'homme de l'O.N.U. et la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe agissent de même. Alors que de violents combats se poursuivent en Bosnie, les autorités de la « nouvelle Yougoslavie » et de la « république serbe de Bosnie-Herzégovine » multiplient les déclarations d'apaisement tout en mettant en garde les Occidentaux contre les risques d'une intervention militaire.
Les 26 et 27 se tient à Londres la session inaugurale de la conférence internationale sur l'ex-Yougoslavie annoncée le 25 juillet. Une trentaine de pays et de mouvements y participent. Elle est présidée par le secrétaire général de l'O.N.U. Boutros Boutros-Ghali et le Premier ministre britannique John Major, président en exercice de la C.E.E. Le 25, lord Carrington, président de la conférence européenne créée en septembre 1991 sur le même sujet, avait présenté sa démission. David Owen lui succède comme médiateur européen auprès de la conférence internationale. Celle-ci définit un « programme d'action » général en vue du rétablissement de la paix, dont les modalités seront discutées à Genève à partir du 3 septembre. La Serbie et le Monténégro, qui ne sont pas désignés comme agresseurs, sont toutefois menacés d'un « isolement international total » en cas de non-participation au programme défini. Dans les jours qui suivent, les combats redoublent de violence.
Le 31, les députés du Parti socialiste (ex-communiste) du président serbe Slobodan Milošević et ceux du Parti radical serbe (extrême droite nationaliste) de Vojslav Seselj déposent une motion de censure contre le Premier ministre de la « nouvelle Yougoslavie » Milan Panić, qu'ils accusent d'avoir bradé les intérêts serbes à Londres. Cette motion est repoussée le 5 septembre après le revirement des socialistes.