2 mars-1er avril 1991
Yougoslavie. Accroissement de la tension en Serbie et entre Serbes et Croates
Le 2, à Pakrac, en Croatie, de violents affrontements opposent des policiers croates à des réservistes serbes de la police. Ces incidents mettent en lumière l'inquiétude de la minorité serbe de Croatie (11 p. 100 de la population), préoccupée par les divergences grandissantes entre les deux plus grandes républiques du pays : la Serbie, qui reste fidèle à l'idée d'une fédération centralisée, alors que la Croatie, comme la Slovénie, s'est engagée sur la voie de l'autonomie et n'envisage son avenir qu'au sein d'une alliance d'États souverains.
Le 9, soixante mille personnes manifestent dans les rues de Belgrade à l'appel des partis d'opposition serbes pour dénoncer la main-mise communiste sur les médias serbes, en particulier sur la télévision de Belgrade. Les autorités répriment très durement cette manifestation interdite deux jours plus tôt : deux personnes sont tuées et plus de quatre-vingts blessées à la suite d'affrontements très violents dans le centre de la ville où patrouillent des blindés.
Le 12, Slobodan Milosevic, président socialiste (ex-communiste) de Serbie, consent à révoquer cinq responsables de la télévision de Belgrade, ainsi qu'à libérer Vuk Draskovic, chef de l'opposition serbe. Après ces concessions, les milliers d'étudiants qui occupaient depuis quatre jours la place Terazije, au centre de la capitale, la quittent dans la nuit du 13 au 14.
Le 15, le Serbe Borisav Jovic annonce sa démission de la présidence de la direction collégiale de la Fédération. Estimant que le pays est entré dans une « phase critique de décomposition », il a vainement demandé l'intervention de l'armée pour réprimer l'action « des forces séparatistes ». Mais le Parlement serbe refuse, le 20, la démission de Borisav Jovic.
Le 25, la rencontre surprise des présidents croate, Franjo Tudjman, et serbe, Slobodan Milosevic, qui s'entretiennent plusieurs heures, est interprétée comme un signe d'apaisement. Mais, le 31, de nouveaux affrontements entre Serbes de Croatie et forces de l'ordre croates, dans le parc national de Plitvice, font trois morts et onze blessés. La région croate de la Krajina, située au sud de Zagreb et essentiellement peuplée de Serbes, annonce, le 1er avril, son rattachement à la Serbie. Elle avait déjà proclamé son autonomie en décembre 1990 et avait annoncé sa sécession de la Croatie le 14 mars.