20-30 août 1991
U.R.S.S.. Indépendance des républiques baltes
Le 20, au lendemain de l'annonce du remplacement de Mikhaïl Gorbatchev par Guennadi Ianaev, le Parlement estonien proclame l'indépendance de la république, les communistes ne prenant pas part au vote. Des élections législatives, fondées sur une nouvelle Constitution, sont prévues pour 1992. Cette décision intervient alors que des mouvements de troupes soviétiques semblent indiquer que les trois pays baltes (Lettonie, Lituanie, Estonie), qui étaient indépendants entre les deux guerres mondiales, risquent d'être les premières victimes du putsch : les centres de télécommunication, les tours de radio-télévision sont occupés par des soldats soviétiques. Les responsables d'éventuels gouvernements en exil en cas de victoire de la réaction sont désignés, tandis que les populations préparent la défense des trois capitales en y dressant des barricades. À Riga, un homme est tué par les Soviétiques à un poste de contrôle.
Le 21, c'est au tour du Parlement de Lettonie de proclamer l'indépendance de cette république, qui rejoint ainsi non seulement l'Estonie, mais aussi la Lituanie, qui avait franchi le pas dès mars 1990.
Le 22, alors que Mikhaïl Gorbatchev est revenu à Moscou, les forces soviétiques se retirent des trois capitales. L'éradication des signes du passé communiste peut alors commencer : interdiction des activités du P.C., mise à bas des statues des héros soviétiques, chasse aux « comploteurs », etc. Toutefois, le président lituanien, Vytautas Landsbergis, assure la minorité russe du pays (20 p. 100 environ) du maintien de ses droits culturels.
Le 24, Boris Eltsine reconnaît l'indépendance de l'Estonie et de la Lettonie. Le président de Russie, qui a déjà reconnu, le 29 juillet, celle de la Lituanie, invite Mikhaïl Gorbatchev à faire de même.
Le 26, l'Islande et le Danemark sont les premiers pays à rétablir des relations diplomatiques avec les pays baltes. Ils sont d'autant plus rapidement suivis que de nombreux pays, dont la France, n'ont jamais reconnu officiellement l'annexion par Staline en 1940. Les États-Unis, quant à eux, restent dans une prudente expectative, ne désirant en rien « favoriser une situation anarchique en U.R.S.S. ».
Le 27, les ministres des Affaires étrangères de la C.E.E., réunis à Bruxelles, décident à leur tour l'établissement de relations diplomatiques avec Riga, Tallin et Vilnius.
Le 29 et le 30, commençant par Vilnius, Roland Dumas effectue une visite dans les trois nouveaux États, la première d'un ministre des Affaires étrangères occidental. C'est pour lui l'occasion d'annoncer la restitution à la Lituanie des 2,2 tonnes d'or (environ 150 millions de francs) déposées par Vilnius à la Banque de France avant la Seconde Guerre mondiale.