21-22 mai 1992
France - Allemagne. Création d'un corps d'armée franco-allemand
Les 21 et 22, réunis en sommet à La Rochelle, le président François Mitterrand et le chancelier Helmut Kohl présentent le projet de corps d'armée franco-allemand dont l'idée avait été lancée en octobre 1991, et qui doit succéder à la brigade mixte constituée en octobre 1990. Composé d'une division blindée française et de deux divisions mécanisées allemandes, celui-ci comptera de trente-cinq mille à quarante mille hommes et sera opérationnel en octobre 1995. Cet embryon de force commune, auquel d'autres pays de la C.E.E. sont invités à se joindre, concrétise l'identité propre en matière de défense que le traité de Maastricht, non encore ratifié, reconnaît à l'Europe. Enfreignant sa doctrine traditionnelle d'indépendance militaire, la France admet de placer une partie de ses forces sous un commandement multinational. De son côté, l'Allemagne accepte d'affecter prioritairement à ce corps d'armée des unités rattachées à l'O.T.A.N. Ce projet, critiqué par Washington, appelle une redéfinition du rôle de l'Alliance atlantique dans la défense de l'Europe. Les missions du futur corps d'armée comprennent en effet l'assistance mutuelle en cas d'agression, qui est prévue par les statuts de l'O.T.A.N. et de la C.E.E. Une autre mission du corps d'armée est le rétablissement ou le maintien de la paix, dans le respect de la charte de l'O.N.U. mais sans l'accord obligatoire de l'organisation internationale. Cette disposition nécessite la révision de la Constitution allemande qui interdit toute intervention militaire extérieure hors du cadre de l'O.T.A.N. L'assistance humanitaire constitue la troisième mission du corps d'armée franco-allemand.