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21-27 octobre 1993

Burundi. Mort du président Melchior Ndadaye lors d'une tentative de coup d'État

Le 21, des unités de l'armée (essentiellement composée de Tutsi appartenant à l'ethnie minoritaire, mais traditionnellement détentrice du pouvoir) s'emparent du palais présidentiel. Premier président issu de l'ethnie hutu (85 p. 100 de la population), Melchior Ndadaye, élu en juin, est tué. Le coup d'État est suivi de massacres entre les deux communautés et d'exodes de population. Ce regain de violence ethnique menace la stabilité des pays voisins, comme le Rwanda, où existe la même rivalité entre Tutsi et Hutu.

Le 22, les putschistes mettent en place un « comité de salut public » qui décrète le couvre-feu et ferme les frontières.

Le 24, des milliers de manifestants défilent dans Bujumbura, malgré l'interdiction du rassemblement, pour réclamer le corps du président Ndadaye. Confrontée à une résistance imprévue de la part de la société civile, la junte demande au gouvernement légal, réfugié dans les ambassades occidentales ou à l'étranger, de reprendre le pouvoir, en échange d'une amnistie. Le Premier ministre tutsi Sylvie Kinigi refuse de négocier avec les putschistes.

Le 27, Sylvie Kinigi affirme, dans une déclaration radiodiffusée, que « le petit groupe qui a tenté de prendre le pouvoir a été démantelé ». Le principal auteur du putsch, arrêté au Zaïre et sur le point d'être extradé, serait le lieutenant-colonel Sylvestre Ningaba, déjà impliqué dans une tentative de coup d'État en juillet. Le Premier ministre demande l'envoi d'une force internationale pour protéger les membres du gouvernement et restaurer l'ordre.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

Événements précédents

  • 1er-29 juin 1993 Burundi. Alternance ethnique à la tête de l'État

    Le 1er, Melchior Ndadaye, candidat du Front pour la démocratie au Burundi (Frodebu), formation hutu, remporte l'élection présidentielle avec 64,79 p. 100 des suffrages, contre 32,47 p. 100 pour le président sortant Pierre Buyoya, qui avait pris le pouvoir en septembre 1987 à la faveur d'un coup d'État,...

  • 14-22 août 1988 Burundi. Massacres entre Tutsi et Hutu

    À partir du 14, de graves troubles ethniques opposent dans les provinces du nord du pays les Hutu d'origine bantoue, majoritaires (85 p. 100 de la population), aux Tutsi d'origine nilotique, minoritaires (14 p. 100), mais détenteurs du pouvoir à Bujumbura. L'armée, composée essentiellement de Tutsi,...

  • 3-6 septembre 1987 Burundi. Coup d'État militaire

    Le 3, alors qu'il assiste à Québec au sommet de la francophonie, le colonel Jean-Baptiste Bagaza, qui avait pris le pouvoir en novembre 1976, est renversé par le major Pierre Buyoya, membre comme lui de l'ethnie minoritaire tutsi, et originaire du sud du pays. Le colonel Bagaza quitte immédiatement Québec,...

  • 18 novembre 1981 Burundi. Adoption d'une nouvelle Constitution

    Pour la première fois en seize ans, la population est appelée à approuver une nouvelle constitution. Le président Jean-Baptiste Bagaza cherche ainsi à démocratiser le régime. Le nouveau texte constitutionnel adopté prévoit l'élection du président au suffrage universel direct, tandis que le parti unique,...