21-28 décembre 1983
France. Polémique politique autour de l'affaire des « avions renifleurs »
Le 21, Le Canard enchaîné donne des précisions sur un scandale financier qu'il avait révélé en juin en lui donnant l'appellation suggestive d'« affaire des avions renifleurs ». À partir de 1976, les dirigeants d'Elf-E.R.A.P., avec l'aval des plus hautes autorités de l'État, ont consacré des sommes considérables – plus d'un milliard de francs 1980 – au financement de recherches sur un procédé de détection aérienne des gisements pétroliers. Ce n'est qu'à partir de 1979 que de sérieux doutes sont apparus sur l'efficacité de ce procédé, qui n'avait bénéficié d'aucune garantie scientifique sérieuse. Henri Emmanuelli, secrétaire d'État au budget, interrogé le 21 à l'Assemblée nationale sur cette affaire, qualifie de « forfaiture » la destruction, en octobre 1982, par Bernard Beck, ancien premier président de la Cour des comptes, des exemplaires qu'il détenait d'un rapport confidentiel, établi en 1980 par un magistrat de cette Cour à la demande de Raymond Barre, alors Premier ministre. Tandis que la presse publie de nouvelles informations qui révèlent l'ampleur du scandale financier, l'affaire prend un tour politique, et une polémique s'instaure sur l'attitude des responsables de l'État de l'époque.
Le 22, sur Antenne 2, Valéry Giscard d'Estaing présente un exemplaire du rapport de la Cour des comptes devant les caméras et accuse le pouvoir de répandre des « rumeurs » et des « calomnies ». Il déclare qu'il ne tolérera ni « qu'on mette en question [son] honneur personnel » ni qu'on prenne « le risque honteux de l'abaissement de la France ».
Le 23, Raymond Barre s'élève contre ce qu'il appelle « opération politique basse et indigne » et fait remettre un exemplaire du rapport en question à Pierre Mauroy.
Le 28, Albin Chalandon, ancien président d'Elf-Aquitaine, demande au président de la République de « mettre fin à cette misérable querelle ».