21-30 octobre 1991
France. Polémique autour des transfusions de sang contaminé par le virus du sida
Le 21, le professeur Jacques Roux, ancien directeur général de la Santé, le docteur Robert Netter, ancien directeur du Laboratoire national de la santé, ainsi que le docteur Michel Garretta, ancien directeur général du Centre national de transfusion sanguine (C.N.T.S.), sont inculpés à la suite de plaintes déposées par des hémophiles ayant contracté le virus du sida à la suite de transfusions sanguines. On estime à 1 200 le nombre d'entre eux, et 200 sont décédés des suites de la maladie. Le débat porte sur la politique suivie avant l'instauration, en 1985, d'un dépistage systématique chez les donneurs de sang. La presse diffuse plusieurs rapports confidentiels qui font en effet apparaître que l'on a cherché à écouler les stocks de produits sanguins non sûrs et à retarder, afin de donner toutes ses chances au produit français, l'emploi du test. Des milliers de personnes auraient ainsi été contaminées non seulement par le sida, mais aussi par l'hépatite A ou B. Enfin, ces révélations mettent en lumière les irrégularités de gestion des organismes chargés en France de la collecte du sang.
Le 27, la polémique prend un tour politique, avec les déclarations télévisées de Laurent Fabius, Premier ministre en 1985, qui rejette les accusations de détournement de fonds portées contre son gouvernement par le professeur Roux. Cependant, la publication d'une note datée de 1985 montre que la politique de prévention de la direction de la Santé de l'époque était bien affectée par des transferts budgétaires. D'une manière plus générale, la polémique porte sur le partage des responsabilités entre le politique et le médical.
Le 30, un accord est conclu entre le gouvernement et les compagnies d'assurance sur l'indemnisation des contaminés par transfusion sanguine avant le 1er janvier 1990. D'autre part, Jean-Louis Bianco, ministre des Affaires sociales et de l'Intégration, annonce une « refonte complète » du système de transfusion sanguine.