22-24 février 1995
France - États-Unis. Polémique autour de la révélation d'une affaire d'espionnage
Le 22, le journal Le Monde révèle que, la veille, le ministre de l'Intérieur Charles Pasqua a reçu, pour la seconde fois en un mois, l'ambassadrice des États-Unis en France, Pamela Harriman, afin de lui demander de faire rapatrier cinq Américains résidant en France – dont quatre diplomates – qui se seraient rendus coupables d'actes d'espionnage. Selon l'enquête menée par la Direction de la sécurité du territoire (D.S.T.) depuis 1992, ces hommes, dont l'un serait le chef d'antenne de la C.I.A. en France, se seraient livrés à l'espionnage économique et politique en tentant de recruter des membres de cabinets ministériels. Ces révélations mettent en lumière l'ampleur des nouvelles formes de « guerre secrète » entre alliés, dans l'ère de l'après-guerre froide. Les ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères déclarent que la « recommandation » faite à l'ambassade des États-Unis n'était pas destinée à être rendue publique et que les relations d'amitié entre Paris et Washington ne sont pas remises en cause. De son côté, le département d'État américain, qui réfute les « allégations » rapportées par la presse française, remarque que « le traitement de cette affaire en France est contraire à l'approche que des alliés ont adoptée dans le passé pour résoudre des affaires délicates ».
Le 24, Charles Pasqua, qui qualifie cette affaire d'espionnage de « très grave », accuse les autorités américaines d'avoir organisé les « fuites » la concernant, tandis que la presse française et la presse américaine soupçonnent au contraire le ministre de l'Intérieur d'avoir cherché à tirer un profit électoral de cette chasse aux espions en la rendant publique. La polémique s'apaise les jours suivants.