22 juin 1995
France. Présentation du collectif budgétaire
Le Premier ministre Alain Juppé présente le projet de loi de finances rectificative pour 1995. Les 14,6 milliards de dépenses nouvelles, dont la plupart concernent la lutte contre le chômage et l'exclusion, doivent être financés par une hausse du taux de la T.V.A., de 18,6 p. 100 à 20,6 p. 100, ainsi que par une hausse de 10 p. 100 de l'impôt de solidarité sur les grandes fortunes et de l'impôt sur les sociétés. Ces hausses doivent rapporter quelque 42 milliards de francs en année pleine. Le plan emploi comprend principalement : le contrat initiative-emploi qui prévoit le versement de 2 000 francs mensuels pendant deux ans et l'exonération des charges sociales patronales sur la partie du salaire inférieure au S.M.I.C. pour toute embauche d'une personne au chômage depuis plus d'un an ; diverses mesures en faveur de l'embauche des jeunes ; un allégement de 10 p. 100, puis dégressif, des charges sur les bas salaires, jusqu'à 1,2 fois le montant du S.M.I.C. Ces mesures, dont le coût est estimé à près de 46 milliards de francs en année pleine, doivent permettre, selon Alain Juppé, de créer 700 000 emplois d'ici à la fin de 1996. Le plan emploi sera adopté le 29 juillet. Le Premier ministre annonce également l'augmentation de 4 p. 100 du S.M.I.C. à partir du 1er juillet. Afin de maintenir le déficit budgétaire dans la limite de 322 milliards de francs, les dépenses prévues pour 1995 sont réduites de 21,8 milliards, dont 8,4 milliards de coupes pour le seul budget de la Défense. Évoquant le montant du déficit budgétaire, qui résulte selon lui de « dix à quinze ans de facilités », Alain Juppé qualifie l'état des finances publiques légué par son prédécesseur de « calamiteux ». Il estime que sa politique constitue la « dernière chance [pour la France] d'être en mesure de participer à la monnaie unique européenne ». Le collectif budgétaire est critiqué par l'opposition et les syndicats, et accueilli avec réserve par une partie de la majorité et par le patronat.