23-28 février 1987
France. Condamnation de Georges Ibrahim Abdallah à la peine maximale
Le 23 s'ouvre au palais de justice de Paris le procès de Georges Ibrahim Abdallah. Le chef présumé des Fractions armées révolutionnaires libanaises (F.A.R.L.) comparaît devant la cour d'assises sans jurés, habilitée à juger les actes de terrorisme par la loi du 9 septembre 1986 ; cette loi est appliquée rétroactivement à cette affaire après que la cour d'assises ordinaire se fut trouvée dans l'impossibilité de mener à son terme, en décembre 1986, le procès de trois membres d'Action directe, en raison de la défection des jurés menacés de représailles. La cour, composée de sept magistrats, est présidée par Maurice Colomb. Des mesures de sécurité d'une ampleur équivalente à celles qui avaient été prises après la vague d'attentats de septembre 1986 sont prises à Paris, en particulier aux abords immédiats du palais. L'accusé, qui répond de complicité dans l'assassinat, le 18 janvier 1982 à Paris, de Robert Charles Ray, diplomate américain, dans celui, le 3 avril 1982, de Yacov Barsimentov, diplomate israélien, et dans la tentative d'assassinat de Robert O. Homme, consul général des États-Unis à Strasbourg, le 28 mars 1984, est défendu par maître Jacques Vergès, par ailleurs avocat de Klaus Barbie. Maître Georges Kiejman représente les intérêts des États-Unis, qui se sont portés partie civile. Après lecture d'une déclaration, publiée trois jours auparavant par Le Nouvel Observateur, dans laquelle il stigmatise le « criminel yankee » et se présente comme un « combattant arabe », Georges Ibrahim Abdallah refuse d'assister aux audiences.
Le 25, Raymond Nart, sous-directeur de la D.S.T. au moment des faits, minimise, à la barre, le rôle de l'accusé : en fait de « gros poisson » du terrorisme, il ne serait, selon lui, que « menu fretin ».
Le 27, l'avocat général Pierre Baechlin crée la surprise en réclamant, dans son réquisitoire, « la mort dans l'âme », une peine « qui ne soit pas supérieure à dix ans de réclusion ». Il affirme, par ailleurs, avoir requis libre de toute instruction. Mais les commentaires vont bon train sur les pressions qu'il aurait subies de la part du pouvoir.
Le 28, le verdict tombe : Georges Ibrahim Abdallah est condamné, contre toute attente, à la réclusion criminelle à perpétuité, la peine maximale. Ce verdict, qui va à l'encontre des réquisitions de la veille, est accueilli avec satisfaction par l'ensemble de l'opinion et de la classe politique – à l'exception du Parti communiste – qui y voient une manifestation de l'indépendance et du courage du pouvoir judiciaire. Mais cette satisfaction est teintée de crainte devant les possibilités de reprise des attentats aveugles.