23-29 février 2000
France - Israël. Visite de Lionel Jospin en Israël
Le 23, le Premier ministre français Lionel Jospin entame une visite en Israël, où il déclare que la France « est disposée à garantir, y compris par des forces sur le terrain, un futur accord de paix entre Israël et ses voisins ». Paris, ajoute-t-il, sera « dans la paix, un partenaire de confiance pour Israël ».
Le 24, lors d'une conférence de presse, Lionel Jospin crée la surprise en déclarant que la France « condamne les attaques du Hezbollah et toutes les actions terroristes unilatérales, où qu'elles se mènent, contre des soldats ou des populations civiles israéliennes ». Il déclare « comprendre » les raids de représailles israéliens contre le Hezbollah. Or Paris, qui défend l'application de la résolution 425 du Conseil de sécurité de l'O.N.U. exigeant le retrait israélien du Liban, a toujours critiqué les raids israéliens contre ce pays. En outre, le Premier ministre français rend Damas responsable du blocage des pourparlers de paix israélo-syriens. Souhaitant donner un nouvel élan aux relations franco-israéliennes, Lionel Jospin rompt ainsi avec les positions traditionnelles de la diplomatie française au Proche-Orient. Toutefois, sur le dossier palestinien, le Premier ministre français plaide en faveur de l'Autorité palestinienne « qui est dans une situation relativement précaire, dans des territoires réduits, éparpillés » ; il fait part de « ses préoccupations » face au blocage du processus de paix israélo-palestinien.
Le 25, Jacques Chirac, qui n'avait pas été informé des positions que Lionel Jospin avait l'intention de soutenir au sujet du Hezbollah ou de la Syrie au cours de son voyage, demande que celui-ci « prenne contact » avec lui « dès son retour ». Le Premier ministre rejette la notion gaullienne de « domaine réservé » du chef de l'État et affirme son droit de défendre sa version de la politique proche-orientale de la France. Il corrige toutefois ses propos relatifs au Hezbollah en parlant à son sujet d'« actes de guerre » plutôt que d'« actions terroristes » ; mais il réitère sa mise en cause de la Syrie. Ses propos de la veille sont vivement et unanimement condamnés au Liban.
Le 26, à l'université de Bir Zeit, dans les territoires palestiniens, Lionel Jospin, qui est pris à partie par des étudiants, est la cible de jets de pierres.
Le 26 également, de retour à Paris, le Premier ministre reçoit un appel téléphonique du chef de l'État qui, d'après un communiqué de l'Élysée, lui déclare que « remettre en cause » l'« impartialité » de la politique étrangère de la France risque de « porter atteinte à la crédibilité » de celle-ci.
Le 29, répondant aux questions des députés, Lionel Jospin déclare qu'« être impartial ne conduit pas à être aveugle à des actes dangereux pour le processus de paix ».