23-31 octobre 1993
Royaume-Uni - Irlande. Les projets de négociations compromis par des attentats meurtriers
Le 23, l'explosion prématurée d'une bombe, dans le quartier protestant de Belfast, fait dix morts et une cinquantaine de blessés. Cet attentat de l'I.R.A. qui visait des responsables « unionistes » (protestants) est le plus meurtrier perpétré dans le pays depuis 1987. Il répond à la recrudescence des actions de groupes paramilitaires protestants contre la communauté catholique.
Le 25, déclarant qu'il ne négocie pas « avec des gens qui [...] tuent des innocents », le Premier ministre britannique John Major rejette les récentes ouvertures de Gerry Adams, président du Sinn Fein, considéré comme la branche politique de l'I.R.A. Celui-ci s'engageait à obtenir de l'I.R.A. un cessez-le-feu en échange de l'acceptation par Londres de l'« initiative de paix » négociée par le Sinn Fein et le Parti travailliste social-démocrate de John Hume – catholique modéré – en faveur de l'ouverture de négociations sur l'avenir institutionnel de la province, qui seraient entérinées par un référendum d'autodétermination en Ulster et en Irlande. Dans le même temps, Dublin amenderait sa Constitution qui prévoit la réunification des deux parties de l'Irlande, et Londres ne s'opposerait plus à celle-ci. Ces propositions sont aussi rejetées par le Parti unioniste d'Ulster de James Molyneux, qui soutient la faible et fragile majorité du gouvernement de John Major.
Le 29, à l'occasion du Conseil européen extraordinaire de Bruxelles, John Major et son homologue irlandais Albert Reynolds lancent un appel à la reprise du dialogue sur la base des propositions du ministre irlandais des Affaires étrangères Dick Spring, elles-mêmes inspirées de l'initiative Hume-Adams.
Le 31, une fusillade dans un pub de Greysteel, près de Londonderry, cause la mort de sept personnes, dont six catholiques. L'opération est revendiquée par le groupe paramilitaire « loyaliste » – protestant – des Combattants pour la liberté de l'Ulster.