24-27 juin 1986
États-Unis - Nicaragua. Durcissement du gouvernement sandiniste après le vote d'une aide militaire aux « contras » par les représentants américains
Le 24, Ronald Reagan prononce une allocution télévisée pour demander à la Chambre des représentants de voter le projet d'aide financière aux rebelles nicaraguayens qu'elle a repoussé en mars. Cette aide s'élèverait à 100 millions de dollars, dont 70 millions à titre militaire. « J'ai besoin de votre aide », déclare-t-il, pour empêcher qu'une « tête de pont soviétique » ne s'installe « à l'intérieur de notre périmètre de défense ».
Le 25, la Chambre des représentants, à majorité démocrate, vote le projet d'aide aux « contras » antisandinistes par 12 voix de majorité, 51 démocrates s'étant laissé persuader par le président Reagan.
Le 26, Daniel Ortega, chef de l'État nicaraguayen, déclare que ce vote constitue un pas vers la transformation de l'Amérique centrale en un « nouveau Vietnam », mais affirme : « Nous allons défendre notre révolution. » Il incite d'autre part les opposants nicaraguayens « à quitter le pays », soulignant que le gouvernement « ne permettrait pas aux bradeurs de la patrie de persévérer impunément dans leur rôle insolent d'agents du gouvernement américain ». La Prensa, le seul quotidien indépendant, est fermée « pour un temps indéfini » : soumis à la censure depuis quelques années, le journal fondé en 1926 avait déjà été temporairement fermé à plusieurs reprises.
Le 27, la Cour internationale de justice de La Haye, saisie en 1984 par le régime sandiniste, condamne les actions américaines contre Managua. Les juges estiment que les États-Unis ont « violé les obligations que leur impose le droit international », notamment « en entraînant, armant, équipant, finançant et approvisionnant les contras ». Le président Ortega considère cette décision comme « une victoire pour le peuple nicaraguayen », mais le gouvernement américain affirme qu'il ne reconnaît aucune compétence à la Cour de La Haye sur les affaires d'Amérique centrale.
