25-31 juillet 2021
Tunisie. Suspension du Parlement et limogeage du Premier ministre
Le 25, jour de la Fête de la République, des milliers de personnes manifestent à travers le pays contre le gouvernement et le Parlement dominé par le parti islamo-conservateur Ennahda. Dans la soirée, le président Kaïs Saïed annonce la suspension des travaux du Parlement pour trente jours et la levée de l’immunité parlementaire des députés. Il limoge le Premier ministre Hichem Mechichi et décide de gouverner par décrets et de prendre la tête du Ministère public. Kaïs Saïed affirme agir en application de la Constitution qui l’autorise à prendre des mesures d’exception en cas de « péril imminent ». Le chef de l’État était en désaccord avec son chef de gouvernement, également critiqué pour sa gestion des crises économique et sanitaire. En janvier, Kaïs Saïed avait rejeté le remaniement ministériel proposé par Hichem Mechichi, estimant que certains ministres pressentis étaient soupçonnés de corruption. Le Parlement est quant à lui paralysé par les conflits internes. Tandis que son président Rached Ghannouchi, chef d’Ennahda, qualifie les décisions de Kaïs Saïed de « coup d’État », des milliers de personnes descendent dans les rues pour soutenir le chef de l’État.
Le 26, les partisans du président de la République et ceux du président du Parlement se font face devant le siège du Parlement à Tunis. Rached Ghannouchi appelle toutefois ses partisans au calme, prônant la mise en place d’un dialogue national. Le président Saïed renvoie le ministre de la Défense et le porte-parole du gouvernement. De son côté, Hichem Mechichi déclare accepter son limogeage.
Le 30, le député Yassine Ayari, fondateur du mouvement Espoir et travail, qui a dénoncé le « coup d’État militaire » du président Saïed, est arrêté. Privé de son immunité parlementaire, il tombe sous le coup d’un jugement de décembre 2018 le condamnant à deux mois de prison pour des propos injurieux tenus contre l’armée.
Le 31, deux députés du mouvement islamo-nationaliste Al-Karama, allié d’Ennahda, Maher Zid et Mohamed Affes, sont arrêtés dans le cadre d’une enquête judiciaire.