26-30 septembre 2005
France. Annonce de la privatisation de la S.N.C.M
Le 26, le gouvernement annonce la privatisation totale de la Société nationale Corse-Méditerranée (S.N.C.M.), qui est en proie à de graves difficultés financières. Les pertes de la compagnie publique de navigation s'élèvent à près de 30 millions d'euros pour 2004 et sont estimées à quelque 60 millions d'euros pour 2005. Les pouvoirs publics évoquent un possible dépôt de bilan en cas d'échec d'une solution de reprise. Le repreneur désigné, le fonds d'investissement Butler Capital Partners, demande à l'État d'injecter 115 millions d'euros dans la compagnie pour en apurer les dettes; il estime à environ quatre cents le nombre de suppressions d'emplois qui seraient nécessaires sur un total de deux mille quatre cents salariés. Des incidents violents éclatent dans le port de Marseille entre les salariés de la S.N.C.M., en grève depuis le 21, et les forces de l'ordre. Les employés du Port autonome de Marseille et les dockers se joignent au mouvement de grève orchestré par la C.G.T. et le Syndicat des travailleurs corses (S.T.C.).
Le 27, des marins du S.T.C. détournent le cargo mixte Pascal-Paoli de la S.N.C.M. au départ de Marseille vers la Corse. De son côté, le gouvernement admet que l'État reste actionnaire minoritaire de la S.N.C.M. Des heurts violents se produisent dans le port de Bastia entre manifestants et forces de l'ordre.
Le 28, un commando héliporté du Groupe d'intervention de la Gendarmerie nationale prend possession du Pascal-Paoli qui regagne le continent. Les ports de Corse, tout comme celui de Marseille, sont paralysés par la grève. De nouvelles violences se produisent à Bastia.
Le 29, le gouvernement présente un nouveau plan de privatisation partielle de la S.N.C.M. dans laquelle l'État conserverait 25 p. 100 du capital, Butler Capital Partners en acquerrait 40 p. 100, la Connex – filiale du groupe Veolia – 30 p. 100 et les salariés 5 p. 100. Les syndicats continuent à exiger que l'État demeure majoritaire, tandis que la réglementation de la Commission européenne subordonne la recapitalisation de l'entreprise par l'État à la privatisation de celle-ci. Dans la soirée, une roquette est tirée contre la préfecture de région à Ajaccio, sans faire de victime.
Le 30, les quatre marins du S.T.C. mis en examen pour détournement de navire et délit de séquestration de personnes sont remis en liberté sous contrôle judiciaire.