26 mai-3 juin 1993
Allemagne. Réforme du droit d'asile et regain de terrorisme xénophobe
Le 26, au terme de deux ans de polémique, et après le compromis intervenu en décembre 1992 entre le gouvernement et l'opposition sociale-démocrate (S.P.D.), le Bundestag approuve, par cinq cent vingt et une voix contre cent trente-deux, la modification de l'article 16 de la Constitution qui disposait que « les personnes poursuivies pour raison politique bénéficient du droit d'asile » en Allemagne. Quatre cent trente-huit mille demandeurs d'asile ont été enregistrés en Allemagne en 1992 – presque deux fois plus qu'en 1991. Le nouvel article restreint les possibilités de demander l'asile politique. Deux autres textes adoptés simultanément portent sur la réduction des allocations accordées aux demandeurs d'asile et la modification des procédures d'expulsion.
Le 28, le Bundesrat adopte à son tour la réforme du droit d'asile qui doit entrer en vigueur le 1er juillet. Les tensions racistes et xénophobes, que l'on pensait éteintes depuis les attentats de l'automne de 1992, suivis des grandes manifestations antiracistes et de la dissolution de plusieurs mouvements néonazis, se ravivent à l'occasion de ce débat.
Le 29, un incendie criminel allumé par des néo-nazis détruit un immeuble habité par des travailleurs turcs à Solingen, provoquant la mort de cinq personnes. L'indignation est vive dans la communauté turque, très nombreuse en Allemagne, dont plusieurs milliers de membres manifestent violemment leur colère dans diverses villes, les jours suivants.
Le 3 juin, lors d'une cérémonie à la mémoire des victimes, à Cologne, le président de la République Richard von Weizsäcker plaide pour l'octroi de la double nationalité aux immigrés turcs. L'absence du chancelier Helmut Kohl à cette cérémonie est critiquée par l'opposition. Le même jour, des manifestations antiracistes rassemblent environ cent mille personnes dans tout le pays.