29-31 mars 1984
France. Présentation du plan de restructuration industrielle
Le 29, le Conseil des ministres arrête ses décisions sur les trois volets du plan de restructuration industrielle annoncé par le gouvernement le 8 février. Les mesures d'accompagnement social et les dispositions prévues par le projet de loi sur le développement de l'initiative économique sont presque toutes connues. Mais le plus nouveau concerne la restructuration des trois secteurs les plus touchés par la crise. Pour la construction navale, les capacités de production seront réduites de 30 p. 100 d'ici à 1986 ; cette réduction entraînera 5 000 suppressions d'emploi au moins. L'activité sera néanmoins maintenue dans les cinq sites existants. Pour Charbonnages de France (C.D.F.), dont le conseil d'administration arrête, le 2, le projet d'entreprise pour les cinq années à venir (1984-1988), l'aide globale de l'État est maintenue à 6,5 milliards de francs pour la durée du IXe plan. Un accord avec Électricité de France (E.D.F.) prévoit le transfert de mille jeunes mineurs par an en moyenne à E.D.F. ; pendant ces cinq ans, un niveau minimal de livraisons vers E.D.F. assurera à C.D.F. 2,5 milliards de francs de recettes supplémentaires. Les Houillères de bassin engageront une rationalisation des structures de production et une modernisation des exploitations. Ce plan entraînera la suppression de 5 000 à 6 000 emplois par an. Enfin pour la sidérurgie, le gouvernement, constatant la crise qui affecte tous les pays européens – Usinor et Sacilor ont enregistré en 1983 des pertes proches de 10 milliards de francs –, décide des mesures d'adaptation draconiennes. Le but fixé est de parvenir à un résultat positif en 1987. Sur le plan social, les mesures arrêtées se traduiront par la suppression de 20 000 à 25 000 emplois d'ici à 1987. La fermeture de l'usine Ugine-Aciers (filiale de Sacilor) à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) est décidée. Mais c'est la Lorraine qui supportera les conséquences les plus graves de la révision du « plan acier » d'août 1982 : le train de laminage de Sacilor à Rombas sera fermé ; le « train universel » de Gandrange ne sera pas construit. L'annonce de ce plan provoque une très vive émotion en Lorraine où de violentes manifestations ont lieu, en particulier à Longwy.
Le 30, quatre parlementaires socialistes de la Moselle décident de se mettre en congé de leur groupe.
Le 31, Georges Marchais qualifie les choix industriels du gouvernement d'« erreur tragique ».