3-11 avril 2022
Pakistan. Renversement du Premier ministre Imran Khan
Le 3, le Premier ministre Imran Khan obtient du président Arif Alvi la dissolution de l’Assemblée nationale, un an avant le terme de la législature. Confronté à l’aggravation de la crise économique et à la dégradation de la situation sécuritaire, Imran Khan avait perdu sa majorité parlementaire au cours des jours précédents et était menacé par le dépôt d’une motion de censure. Il justifie son geste en se disant victime d’une conspiration internationale fomentée par les États-Unis. Imran Khan fait face à une opposition unie, composée du Parti du peuple pakistanais du clan Bhutto, de la Ligue musulmane du Pakistan (N) du clan Sharif, et du plus grand parti islamiste du pays, le Jamiat Ulema-e-Islam-Fazal, dirigé par le religieux fondamentaliste Fazlur Rehman. Il a perdu le soutien de l’armée après avoir voulu, en novembre 2021, imposer au chef des armées, le général Qamar Bajwa, le maintien à la tête des services secrets du lieutenant-général Faiz Hameed, un de ses fidèles. Le général Qamar Bajwa s’oppose également à la politique étrangère d’Imran Khan qui s’est éloigné des États-Unis pour se rapprocher de la Chine et de la Russie.
Le 7, la Cour suprême saisie par l’opposition juge la dissolution de l’Assemblée nationale inconstitutionnelle et rétablit les députés dans leur fonction.
Le 9, les députés adoptent la motion de censure déposée contre le gouvernement d’Imran Khan, qui est renversé – une première dans l’histoire du pays.
Le 10, des centaines de milliers de partisans d’Imran Khan manifestent dans les grandes villes à l’appel du Premier ministre déchu.
Le 11, l’Assemblée nationale élit au poste de Premier ministre le chef de l’opposition Shehbaz Sharif, président de la Ligue musulmane du Pakistan (N), ancien ministre en chef de la province du Pendjab et frère de l’ancien chef de gouvernement Nawaz Sharif. Shehbaz Sharif adopte aussitôt des mesures sociales et se prononce en faveur d’une amélioration des relations avec l’Inde.