3-16 novembre 2002
Turquie. Victoire des islamistes modérés aux élections législatives
Le 3 se déroulent les élections législatives anticipées provoquées par l'éclatement, en juillet, d'une crise gouvernementale. Le Parti de la justice et du développement (A.K.P.) remporte la majorité absolue au Parlement, avec 34,3 p. 100 des suffrages et 363 sièges sur 550. L'A.K.P. est une formation islamique modérée fondée à la suite de l'interdiction du Parti de la vertu, en juin 2001. Son chef, l'ancien maire d'Istanbul Recep Tayyip Erdogan, objet d'une condamnation pour incitation à la haine religieuse en avril 1998, a été déclaré inéligible en septembre. Le Parti républicain du peuple (social-démocrate), qui n'avait pas d'élu dans le Parlement sortant, est le seul autre parti représenté, avec 19,4 p. 100 des voix et 178 élus, parmi lesquels l'ancien ministre de l'Économie, Kemal Dervis. Neuf candidats indépendants sont élus. Les partis de la coalition au pouvoir subissent une sévère défaite. Ni le Parti de la gauche démocratique (gauche, 1,2 p. 100) du Premier ministre sortant, Bülent Ecevit, ni le Parti de l'action nationaliste (extrême droite, 8,3 p. 100) de Devlet Bahçeli, ni le Parti de la mère patrie de Mesut Yilmaz (conservateur, 5,1 p. 100) ne dépassent le seuil des 10 p. 100 imposé pour limiter l'émiettement de la représentation et faire barrage aux partis extrémistes. Le Parti de la juste voie de Tansu Ciller (conservateur, 9,6 p. 100), le parti pro-kurde Dehap (6,2 p. 100) et le nouveau Parti jeune (populiste, 7,2 p. 100) n'ont pas non plus d'élu. Le taux de participation s'élève à 78,9 p. 100. Le scrutin marque la fin du système traditionnel de clientélisme caractérisé par l'existence de liens entre les milieux politiques et financiers, liens que des réformes de la procédure électorale interdisent désormais. Cette recomposition du paysage politique traduit le désir de changement des électeurs qui ont souffert des effets de la crise économique et de la mauvaise gestion de l'équipe sortante. Recep Tayyip Erdogan affirme sa volonté de respecter le programme négocié avec le Fonds monétaire international.
Le 4, la Bourse et l'armée accueillent favorablement les résultats des élections.
Le 16, le président Ahmet Necdet Sezer charge le numéro deux de l'A.K.P., Abdullah Gül, de former le gouvernement.