3-17 juin 1981
France. Premières mesures économiques du gouvernement socialiste
Le 3, le Conseil des ministres adopte une importante série de mesures sociales qui relèvent, selon Pierre Mauroy, de la « solidarité » : augmentation de 10 p. 100 du S.M.I.C. à compter du 1er juin (16,72 F l'heure au lieu de 15,20 F, soit un salaire mensuel de 2 900 F) ; majoration de 20 p. 100 du minimum vieillesse, qui sera porté à 1 700 F le 1er juillet ; augmentation de 25 p. 100, le 1er juillet également, des allocations familiales et de l'allocation logement, qui augmentera à nouveau de 25 p. 100 le 1er décembre. Le gouvernement décide, à titre « exceptionnel », d'alléger les charges sociales des entreprises pour compenser les effets de la hausse du S.M.I.C. Le coût de l'ensemble de ces mesures est évalué à 8 ou 9 milliards pour 1981, mais ne sera pas couvert par des impôts.
Le 10, le deuxième volet de la politique économique du gouvernement est examiné par le Conseil des ministres. Près de 55 000 emplois seront créés dans les secteurs public et social, le pacte national pour l'emploi des jeunes sera amélioré, des aides seront accordées aux entreprises. Ces mesures, d'un coût total de 6,8 milliards de francs, seront, contrairement aux précédentes, intégralement couvertes par des taxes et impôts exceptionnels : sur les revenus les plus élevés, sur les frais généraux des sociétés, sur les dépôts bancaires ainsi que sur les profits des compagnies pétrolières. Présentant ce train de mesures, Jacques Delors, ministre de l'Économie et des Finances, déclare : « La rigueur dans la solidarité et la vigilance dans la relance économique seront les règles de l'action gouvernementale. »
Le 10 également, Pierre Mauroy demande à François Bloch-Lainé de présider la commission qui sera chargée d'établir un « bilan de la situation en France » au moment de l'élection de François Mitterrand et de l'arrivée des socialistes au pouvoir.
Le 12, le Premier ministre ouvre les négociations paritaires sur la réduction du temps de travail. Le gouvernement espère aboutir à la semaine de 35 heures d'ici à 1985, mais cet objectif est rejeté par le C.N.P.F. qui refuse de « signer des chèques en blanc ».
Le 17, le Conseil des ministres adopte des mesures destinées à favoriser « l'insertion professionnelle » des jeunes et des femmes, qui concernent plus de 600 000 personnes et coûteront 6 milliards de francs. D'autre part, une série d'aides à l'investissement doit permettre aux entreprises d'obtenir des crédits à des taux avantageux. Ces mesures interviennent alors que les statistiques du chômage font apparaître une augmentation de 21,9 p. 100 en un an.