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3-24 août 1981

Pologne. Situation sociale explosive

Le mouvement de protestation contre la pénurie alimentaire s'intensifie. À partir du 3, le centre de la capitale est bloqué par plusieurs centaines de camions. Débrayages largement suivis et « marches de la faim » ont lieu dans plusieurs régions pour réclamer l'annulation de la diminution des rations mensuelles de viande et des augmentations prévues du prix des denrées alimentaires.

Le 7, les ponts sont à nouveau rompus entre le gouvernement et Solidarité à la suite d'un désaccord sur la création de commissions de contrôle en matière d'approvisionnement, auxquelles les syndicalistes entendent participer activement. Un communiqué très dur du gouvernement accuse Solidarité d'avoir « rompu unilatéralement » les pourparlers et exprime sa « profonde inquiétude » face aux manifestations et aux « actions apparentées au sabotage ».

Le 8, le maréchal Viktor Koulikov, commandant en chef des forces du pacte de Varsovie, se rend, pour la quatrième fois depuis le début de l'année, dans la capitale polonaise et s'entretient avec le général Jaruzełski, chef du gouvernement et ministre de la Défense. D'importantes manœuvres navales soviétiques se déroulent en mer Baltique au large des côtes lituaniennes, à une centaine de kilomètres au nord de Gdansk.

Le 11, le comité central du P.O.U.P., réuni en session plénière, adopte une résolution affirmant que « le parti et le pouvoir populaire s'opposeront de façon décidée aux menaces antisocialistes et contre-révolutionnaires ».

Le 12, la commission nationale de coordination de Solidarité demande à la population polonaise de renoncer provisoirement aux grèves, aux manifestations et aux marches de la faim.

Le 14, le Conseil général de l'épiscopat polonais lance un appel à la modération et exprime son inquiétude face aux « tensions croissantes pour des luttes fractionnistes et politiques ». L'épiscopat demande également « l'accès à la radio et à la télévision pour les syndicats, l'Église et tous les milieux de l'opinion publique polonaise ».

Le 15, un communiqué commun est publié après les entretiens qui ont eu lieu la veille en Crimée entre Stanisław Kania, le général Jaruzełski et Leonid Brejnev. D'après le communiqué, ce dernier « a indiqué que les communistes et la population soviétique surveillaient très attentivement et très sérieusement les développements de la situation en Pologne ». En outre, « les deux partis ont souligné que l'amitié polono-soviétique était une des pierres angulaires de l'actuel équilibre des forces en Europe ».

Le 17, à Paris, le Premier ministre français Pierre Mauroy reçoit Josef Czyrek, ministre polonais des Affaires étrangères. Paris poursuivra son aide à la Pologne « sans aucune condition ». Le Conseil des ministres avait décidé, le 5, la livraison immédiate à la Pologne de 300 000 tonnes de blé, 7 000 tonnes de viande et 15 000 tonnes de sucre.

Les 19 et 20, les travailleurs des imprimeries et des messageries se mettent en grève, empêchant ainsi la parution des principaux journaux. Le problème de l'accès du syndicat indépendant à la radio et à la télévision ainsi que la mise en cause du monopole exercé par le pouvoir sur les moyens de communication de masses constituent un nouveau terrain de lutte entre le gouvernement et Solidarité.

Lech Wałesa lance, le 24, un appel à l'honnêteté et à « la détermination » des journalistes pour protester contre les manipulations de l'information, quelques jours avant l'ouverture du premier congrès national de Solidarité.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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