3-24 mai 1987
France. Division de la majorité face à l'extrême droite
Le 3, Édouard Balladur, invité du Grand Jury R.T.L. –Le Monde, dénonce avec vigueur les divisions de la majorité et demande aux ministres d'être solidaires, de travailler et d'observer une « pause politique » jusqu'au scrutin présidentiel.
Le 6, Jean-Marie Le Pen, président du Front national, participe à l'émission L'Heure de vérité sur Antenne 2. Outre de fracassantes déclarations sur leS.I.D.A., il propose à nouveau d'expulser les immigrés pour réduire le chômage. Ces propos suscitent de violentes controverses dans le monde politique et divisent la majorité d'autant plus que les sondages soulignent que Jean-Marie Le Pen, candidat déclaré à la présidence de la République, pourrait jouer un rôle d'arbitre au second tour de l'élection présidentielle.
Le 14,Le Monde publie une tribune libre de Michel Noir, ministre (R.P.R.) du Commerce extérieur, qui estime que la responsabilité de tout homme politique est de s'opposer à la propagation des idées racistes de l'extrême droite « au risque de perdre » les élections. Cet article suscite au sein de la majorité et en particulier auR.P.R. une vaste polémique dans laquelle, à son retour de Moscou le 18, Jacques Chirac déclare, sur Europe 1, ne pas vouloir entrer.
Le 19 au matin, Michel Noir déclare à Europe 1 qu'il « persiste et signe » et ajoute : « Dans la majorité, il y a ceux qui en font une affaire de tactique et ceux qui en font une affaire de principe. » Convoqué sur le champ à Matignon, il subit une vigoureuse admonestation du Premier ministre. Puis, devant l'ensemble du gouvernement qu'il a réuni, Jacques Chirac rappelle son refus de l'idéologie du Front national mais demande à ses ministres de ne pas « exclure ni rejeter les électeurs de M. Le Pen » et de « préserver la solidarité de la majorité et du gouvernement » ou de renoncer à leur fonction.
Les 23 et 24, les assises nationales duR.P.R. ont lieu porte de Versailles à Paris. Dans son discours d'ouverture, Jacques Toubon, secrétaire général du parti, après avoir attaqué le Front national et leP.S., déclare que « la division est le seul ennemi véritable de la majorité ». Puis, le 24, devant environ trente mille militants, Jacques Chirac, réélu président duR.P.R., exalte à son tour l'union de la majorité et demande de combattre les « exclusions fondées sur le rejet de l'autre ».