3-25 mai 1999
France. Mise en examen du préfet Bernard Bonnet et arrestation des assassins du préfet Claude Érignac
Le 3, l'un des trois gendarmes du Groupe de pelotons de sécurité (G.P.S.) soupçonnés d'avoir incendié un restaurant de plage dans le golfe d'Ajaccio (Corse-du-Sud), en avril, avoue avoir agi sur les ordres du commandant de la légion de gendarmerie de Corse, le colonel Henri Mazères. Ses deux collègues l'imiteront bientôt. De son côté, le chef d'état-major de la gendarmerie en Corse, Bertrand Cavalier, déclare que les gendarmes ont obéi aux ordres du préfet de région Bernard Bonnet. Le même jour, ce dernier est placé en garde à vue. Le Premier ministre Lionel Jospin demande au président de la République de mettre fin aux fonctions du préfet Bonnet.
Le 4, deux autres membres du G.P.S. qui avouent avoir participé à l'incendie de la « paillote » sont mis en examen. Le même jour, le G.P.S. est dissous. Devant l'Assemblée nationale, Lionel Jospin déclare que cette affaire est « un coup dur pour l'État, la République, le gouvernement aussi et pour la Corse ».
Le 5, le Conseil des ministres nomme Jean-Pierre Lacroix préfet de la région Corse. Le même jour, Bernard Bonnet et son directeur de cabinet sont mis en examen pour « complicité de destruction de biens par incendie en bande organisée ». L'instruction de l'affaire apporte la preuve que le gouvernement était tenu informé de l'enquête parallèle menée par le préfet Bonnet sur l'assassinat de son prédécesseur, Claude Érignac, en février 1998, à Ajaccio.
Le 7, le colonel Mazères déclare aux enquêteurs qu'il a ordonné d'incendier la paillote sur les instructions du préfet Bonnet. Ce dernier continue à nier.
Le 15, tandis que les revendications pour une plus grande autonomie de l'île se multiplient, quatorze organisations nationalistes participent à une manifestation à Ajaccio en faveur « de l'union et de la paix », à l'appel du comité unitaire du Fiumorbu.
Le 20, l'Assemblée nationale vote à l'unanimité la constitution d'une commission d'enquête relative au fonctionnement de la police et de la gendarmerie en Corse depuis 1993.
Du 19 au 23, une dizaine de nationalistes réputés appartenir à un groupe radical sont interpellés en Corse dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat du préfet Érignac.
Le 23, trois des militants arrêtés avouent avoir fait partie des six personnes qui auraient perpétré l'assassinat du préfet Érignac. Deux autres membres du commando font partie des personnes arrêtées. Le dernier, qui aurait tiré sur le préfet, est en fuite. Cinq personnes seront mises en examen pour assassinat et trois pour complicité. Le groupe, qui voulait refonder le nationalisme corse sur des bases « pures », aurait agi pour discréditer les mouvements nationalistes traditionnels.
Le 25, l'Assemblée nationale rejette la motion de censure déposée le 18 par les groupes R.P.R., U.D.F. et Démocratie libérale au sujet de la politique corse du gouvernement. Au cours des débats, Lionel Jospin déclare que « la responsabilité d'un gouvernement se mesure à l'aune de sa politique ou [de ses] actes [...] et non d'après des manquements individuels qui les contredisent ».