3-26 décembre 1992
Somalie. Intervention militaire internationale à la demande de l'O.N.U
Le 3, mettant pour la première fois en pratique un droit d'ingérence non encore codifié, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte à l'unanimité la résolution 794 qui autorise à « employer tous les moyens nécessaires pour instaurer aussitôt que possible des conditions de sécurité pour les opérations de secours humanitaire en Somalie », sans que ce dernier pays en ait fait la demande. Il légitime ainsi une intervention militaire internationale préconisée et dirigée par les États-Unis, en vue de sauver des centaines de milliers de Somaliens victimes de la famine et des factions armées qui empêchent l'acheminement de l'aide humanitaire. Le déclenchement des troubles dans le pays a suivi le renversement du président Siyad Barre, en janvier 1991. Le président américain George Bush souhaite donner corps à ce « nouvel ordre international » dont il vante l'instauration, en faisant intervenir son pays dans une région dénuée de tout intérêt stratégique pour lui. Trente-cinq pays proposent leur aide et une douzaine d'entre eux – dont les États-Unis, la France, l'Italie, le Canada, la Belgique, l'Égypte, les Émirats arabes unis, la Mauritanie et le Pakistan – décident d'engager au total trente-six mille hommes dans le cadre de l'opération baptisée Rendre l'espoir. Les chefs des factions somaliennes apportent leur soutien à l'entreprise, tandis que les organisations humanitaires rappellent la nécessité de conclure un accord politique.
Le 9, mille huit cents marines – sur les vingt-huit mille soldats américains qui participeront à l'opération – débarquent à Mogadiscio, ville coupée en deux par la guerre. Ils sont suivis par un premier détachement de la force de plus de deux mille hommes engagée par la France. Bientôt se pose la question de la mission exacte des troupes d'intervention, notamment de leur participation au désarmement des diverses factions, dont le secrétaire général de l'ONU Boutros Boutros-Ghali tente de convaincre les États-Unis de la nécessité.
Le 16, un détachement franco-américain entre à Baidoa, au nord-ouest de Mogadiscio, une ville particulièrement touchée par la famine, où plusieurs dizaines de personnes meurent tous les jours. Les troupes d'intervention prennent le contrôle du port de Kismaayo, au sud de Mogadiscio, le 20, puis d'Hoddur, au nord-ouest de la capitale, le 25.
Le 26, le général Mohamed Fahra Aïdid et le président par intérim Ali Mahdi Mohamed signent un accord de paix sous l'égide des États-Unis. Le règlement politique doit être discuté à Addis-Abéba en janvier, en présence de Boutros Boutros-Ghali.