3-27 décembre 2020
Centrafricaine (République). Élections générales sur fond de rébellion armée
Le 3, la Cour suprême invalide la candidature à l’élection présidentielle de l’ancien chef de l’État François Bozizé, au motif que celui-ci « déroge au critère de bonne moralité inscrit dans la Constitution ». Chassé du pouvoir en mars 2013 par la rébellion de la Seleka, François Bozizé est sous le coup d’un mandat d’arrêt dans son pays depuis le mois de mai de la même année pour, notamment, crimes contre l’humanité, ainsi que de sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU depuis mai 2014 pour son soutien aux milices chrétiennes anti-balaka, opposées aux partisans musulmans de la Seleka.
Le 17, les six principaux groupes politico-militaires, qui avaient signé un accord de paix avec le gouvernement en février 2019 et qui contrôlent toujours les deux tiers du pays, dénoncent leur « manipulation » par le pouvoir et annoncent leur fusion au sein d’une Coalition des patriotes pour le changement. Ils réclament la suspension du processus électoral et la convocation d’une vaste « concertation nationale ».
À partir du 18, certaines de leurs forces convergent vers Bangui. Le gouvernement dénonce une « tentative de coup d’État » menée par François Bozizé. Les jours suivants, les casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (Minusca), les mercenaires de la société privée russe Wagner envoyés par Moscou et des renforts rwandais parviennent à contenir l’avancée des groupes armés.
Le 23, deux Mirage français survolent la capitale et les routes empruntées par les groupes armés, en signe de soutien au pouvoir contre les tentatives de déstabilisation.
Le 27, le président sortant Faustin-Archange Touadéra, candidat du Mouvement Cœurs unis (MCU), remporte l’élection présidentielle avec 53,9 p. 100 des suffrages. Son principal adversaire, Anicet-Georges Dologuélé, candidat de l’Union pour le renouveau centrafricain (URCA), obtient 21 p. 100 des voix. Le taux de participation est de 76,3 p. 100, calculé sur les seuls bureaux de vote ouverts – près de 15 p. 100 d’entre eux restent fermés sous la pression des groupes armés. Des élections législatives se déroulent le même jour.