3-27 mars 1986
Afrique du Sud. Levée de l'état d'urgence et poursuite de la violence dans les cités noires
Le 3, sept Noirs, membres présumés de l'A.N.C. (Congrès national africain), sont tués par la police à Guguletu, township située à proximité du Cap. Cette fusillade illustre, par sa violence, l'escalade dans la lutte qui oppose les forces de l'ordre sud-africain au mouvement nationaliste noir.
Le 4, devant les trois chambres du Parlement réunies en session conjointe, le chef de l'État, Pieter Botha, annonce la levée prochaine de l'état d'urgence. D'autre part, il lie la mise en application de la résolution 435 de l'O.N.U. sur l'accession de la Namibie à l'indépendance au retrait des troupes cubaines de l'Angola.
Le 7, l'état d'urgence, instauré le 21 juillet 1985 dans 36 des 265 circonscriptions judiciaires, et toujours en vigueur dans 23 d'entre elles, est levé. Près de trois cents personnes, détenues en vertu du régime d'exception, sont libérées : leur retour donne lieu à des explosions de joie en particulier à Soweto, cité noire près de Johannesburg.
Les jours suivants, les troubles se poursuivent. On déplorerait la mort d'une cinquantaine de Noirs, due principalement à des tirs de l'armée ou de la police, mais aussi, souvent, à des règlements de comptes entre Noirs ou à des conflits tribaux.
Le 21, à l'occasion de l'anniversaire des massacres de Sharpeville (1960) et de Langa (1985), six cent mille Noirs se mettent en grève à Uitenhage et Port Elizabeth. Treize morts sont à déplorer dans diverses régions à la suite d'affrontements entre Noirs.
Du 25 au 27, au moins trente-deux personnes sont tuées, dont vingt-deux au cours de deux fusillades provoquées par la police : l'une à Winterfeld, un ghetto noir situé sur le territoire du homeland indépendant du Bophuthatswana, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Pretoria, l'autre à Kwazakele, une township de Port Elizabeth sur l'océan Indien.